Introduction
Aux États-Unis, lorsqu’un nouveau président est élu, des dizaines de milliers de hauts fonctionnaires sont congédiés.
Non seulement le nouveau président s’entoure-t-il de ministres en qui il a confiance, mais ceux-ci se choisissent à leur tour des conseillers politiques et des experts qui les aideront à prendre les meilleures décisions possible en tenant compte de ce qu’ils se proposent de faire.
Le Canada étant neuf fois moins populeux que son voisin du sud, il ne dispose pas d’une abondance de talents qui lui permettrait de procéder à des purges aussi importantes.
Si bien que malgré la succession de politiciens à la tête des ministères, beaucoup de mandarins demeurent en place, s’ajustant du mieux qu’ils peuvent à leurs nouveaux patrons.
Mais comme l’a démontré l’avocat Juan Branco, les ministres sont fortement influencés par leur entourage.
Lorsqu’ils sont fraichement nommés, il est fréquent qu’ils n’aient aucune compétence particulière dans le domaine relevant dorénavant de leur autorité.
Les sous-ministres précèdent donc aux breffages périodiques qui visent à mettre le ministre au courant de ses principaux dossiers. Ses conseillers politiques peaufinent l’argumentation que le ministre utilisera pour convaincre le public du bienfondé des décisions du ministère. Un ou deux personnes, choisies parmi celles qui jouissent de sa plus grande confiance, rédigeront ses discours.
Bref, le ministre est une personne virtuelle qui prête sa voix et son charisme afin d’incarner publiquement l’ensemble des gens qui l’entourent.
Souvent, le principal conseiller du ministre est un sous-ministre imposé par le cabinet du premier ministre. Et quand l’un et l’autre entrent en conflit, c’est habituellement le ministre qui est muté ailleurs.
Plus un gouvernement est gros et plus un ministère est important, moins grandes sont les possibilités qu’un politicien y fasse sa marque.
Changer de maire peut faire une grande différence. Changer de gouvernement à Québec aussi. Mais cela est beaucoup moins évident au niveau fédéral.
En voici quatre exemples.
Protéger les banques plutôt que les consommateurs
Après avoir été condamnées à verser 32 millions$ pour avoir fraudé les consommateurs québécois, les grandes banques canadiennes se sont adressées au ministère fédéral des Finances afin qu’il adopte une loi qui leur permettrait de se soustraire à la loi provinciale de protection des consommateurs.
Ce fut le projet de loi C-29. Celui-ci a provoqué un tollé général. Ce qui fit qu’il fut purgé de ses dispositions controversées.
Pourtant, la loi au sujet du financement des partis politiques fait en sorte que ceux-ci sont fiancés par le peuple et non par de grandes corporations.
Comment se fait-il que des politiciens élus grâce au peuple se comportent comme s’ils étaient à la solde de la haute finance ?
Réponse : parce que le ministère des Finances est dirigé par des mandarins et non par le ministre Morneau.
Celui-ci est un gentilhomme mais aux facultés amoindries, incapable de se rappeler qu’il possède des intérêts dans une entreprise familiale et conséquemment, qui a oublié de le déclarer comme l’exige la loi. C’est juste si le ministre se rappelle avoir hérité cette compagnie de son père dont il se souvient toutefois du nom.
Les mandarins qui l’entourent sont bardés de diplômes émis par les plus grandes universités internationales. Leurs collègues de classe sont à la tête des plus importantes institutions financières du pays. Lorsqu’ils partiront de la fonction publique, ces mandarins seront aussitôt invités à siéger sur les conseils d’administration des compagnies de leurs amis.
Bref, ces gens-là n’appartiennent pas à notre monde. Et lorsqu’ils conseillent le pauvre ministre Morneau, celui-ci est honoré d’être entouré de gens si brillants.
Conséquemment, il ne faut pas s’étonner que le ministère des Finances obéisse aux commandes de Bay Street et non aux citoyens canadiens.
Du registre des armes à feu au système de paie Phœnix
Une fois élus, les Conservateurs ont aboli le registre des armes à feu, tel qu’ils l’avaient promis en campagne électorale.
Voilà un exemple qui prouve qu’un gouvernement fort peut imposer ses volontés à la fonction publique.
Si les Conservateurs ont pesté contre les énormes dépassements de cout du contrat accordé à IBM, ils n’ont rien trouvé de mieux, une fois au pouvoir, que d’accorder un autre contrat à cette compagnie, toujours sur la recommandation des fonctionnaires. Cette fois pour mettre sur pied le système de paie Phœnix. Nouveau fiasco et nouveau gouffre financier.
Même un gouvernement fort peut être amené à répéter les erreurs qu’il reprochait à ses prédécesseurs en faisant confiance aux mêmes fonctionnaires de l’État.
Les relations avec les peuples autochtones
En dépit de la bonne volonté de Justin Trudeau, les politiques racistes du gouvernement canadien à l’égard des peuples autochtones demeurent intactes.
De toute évidence, le bilan de son gouvernement se soldera par des excuses publiques, quelques millions$ versés aux victimes des pensionnats autochtones, mais aucune remise en question fondamentale de l’apartheid juridique qui régit les réserves indiennes.
Sait-on qu’encore de nos jours, un autochtone ne peut léguer ses biens à ses héritiers sans que son testament ne soit approuvé par le ministère des Affaires indiennes ?
Les dépenses militaires
Dans l’opposition, le Parti libéral du Canada a beaucoup critiqué la décision du gouvernement Harper d’autoriser la vente de chars d’assaut à la dictature saoudienne.
Mais arrivé au pouvoir, ce sont les Libéraux qui ont finalement accordé les licences d’exportation concernant 70% du matériel militaire canadien visé par ce contrat.
De la même manière, Justin Trudeau annonçait fièrement le retour du Canada sur la scène internationale.
Pourtant le gouvernement Trudeau a fait passer les budgets de l’aide internationale de 0,32% (qu’elle était sous les Conservateurs) à 0,27%.
À l’opposé, le gouvernement Trudeau maintient l’engagement de hausser les dépenses militaires canadiennes d’ici 2024 à 2% du Produit intérieur brut.
Cela correspond à 6% du budget fédéral ou vingt-deux fois l’aide internationale. Et ce, alors que le risque de guerre est nul.
En effet, la puissance militaire américaine est de 5 à 10 fois supérieure à celle de la Russie. En cas de guerre, même si la Russie convertissait toute son économie à la production militaire, son PIB ne correspond qu’à 5% de celui des États-Unis.
Conclusion
Depuis qu’il est au pouvoir, le gouvernement Trudeau agit comme un gouvernement de droite.
Et il agit ainsi parce que c’est un gouvernement mou et superficiel, soumis à l’influence d’une fonction publique qui exerce le véritable pouvoir.
La grande majorité des citoyens croient que l’État, c’est la somme des ministres et des députés dont on parle dans les quotidiens ou qu’on voit aux actualités télévisées.
En réalité, ceux-ci ne sont que l’interface entre les citoyens et la machine de l’État.
Et cette machine, ce sont des milliers de fonctionnaires et surtout un petit nombre de mandarins qui exercent le pouvoir dans l’ombre, animés de leur propre conception de l’intérêt de l’État.
Références :
Bill Morneau et le projet de loi C-29 : les banques avant les consommateurs?
Doubler les dépenses militaires et la dénaturation du Canada
Effectif de la fonction publique fédérale
Justin Trudeau ou l’égoportrait comme politique internationale
La clarté et l’opacité du ministre Dion
Le registre des armes à feu en chiffres
Le secrétaire général de l’OTAN se dit assez satisfait des promesses du Canada
Les mandarins de l’État sont-ils omnipotents?
« Monsieur TPS » admet avoir reçu près de 600 000 $
Élections fédérales 2015 : comment voter dès maintenant
21 août 2015Le 19 octobre, les Canadiens éliront les dirigeants du pays.
Ceux qui le souhaitent pourront voter par anticipation une semaine plus tôt, soit du 9 au 12 octobre.
Les électeurs qui ne seront pas disponibles ni le jour du scrutin ni durant la période du vote par anticipation peuvent voter dès maintenant.
Aller au bureau local du Directeur du scrutin
Pour ce faire, vous devez connaitre le nom de la circonscription fédérale où vous habitez et vous rendre au bureau local du Directeur du scrutin.
Si vous savez le nom de votre circonscription, adressez-vous à votre député sortant — son nom se trouve facilement par une recherche sur l’internet — pour qu’il vous précise l’adresse de ce bureau. C’est ce que j’ai fait.
Si vous ignorez le nom de votre circonscription, attendez de recevoir un dépliant publicitaire d’un des candidats en lice. Ce dépliant devrait préciser son adresse électronique. Demandez-lui de vous indiquer l’adresse civique du bureau local du Directeur du scrutin.
Si vous ne désirez pas attendre de recevoir un tel dépliant, le gouvernement du Québec possède un outil en ligne qui vous permet de trouver le nom de votre circonscription provinciale à partir de votre code postal ou du nom de votre municipalité (voir dernière référence).
Une fois que vous connaissez ce nom, utilisez un moteur de recherche comme Google pour trouver les coordonnées de votre député provincial. Il devrait avoir la courtoisie de vous indiquer celles de son collègue au niveau fédéral.
Preuves d’identité
Pour voter, vous aurez besoin de deux preuves d’identité (dont une portant votre photo) et une preuve de résidence (par exemple, une facture d’électricité ou de téléphone).
Connaitre le nom exact du candidat
La date limite pour le dépôt des candidatures est le 28 septembre. Les noms de tous les candidats en lice ne seront connus qu’après cette date. De plus, pour des raisons de sécurité, les bulletins de vote ne seront dévoilés qu’au moment du vote par anticipation.
Donc, si vous votez dès maintenant, le bulletin de vote indiquera le nom de personne. Sur une simple ligne pointillée, vous devrez écrire le nom du candidat pour lequel vous désirez voter. Vous ne pourrez pas simplement écrire le nom d’un parti politique. Il est donc recommandé d’écrire à l’avance le nom du candidat sur un bout de papier que vous recopierez dans l’isoloir.
Au moment où j’ai voté, une seule personne avait présenté sa candidature, les autres partis n’ayant pas encore choisi leur représentant.
Vous pouvez voter pour n’importe qui. Mais si cette personne n’obtient pas l’investiture de son parti ou se désiste entretemps, votre bulletin de vote sera annulé au moment du dépouillement du scrutin.
Le dépouillement
Avant d’aller dans l’isoloir, on vous remettra le bulletin de vote et deux enveloppes. Dans l’isoloir, vous écrirez le nom du candidat de votre choix, insérer ensuite ce bulletin dans une première enveloppe numérotée, et insérer celle-ci dans une deuxième enveloppe anonyme.
Au sortir de l’isoloir, l’électeur dépose le tout dans la boite de scrutin.
Au matin du scrutin, le 19 octobre prochain, les préposés à l’élection ouvriront la deuxième enveloppe. Ils vérifieront le numéro que porte l’enveloppe intérieure et rayeront ce numéro du registre des votes par anticipation. Ils déposeront cette enveloppe numérotée (sans l’ouvrir) dans l’urne.
Le soir même, au moment du dépouillement du vote, les enveloppes numérotées seront décachetées et le bulletin sera lu comme tous les bulletins de vote pliés dans l’urne.
Références :
Cartes des circonscriptions fédérales
Élection fédérale canadienne de 2015
Trouvez votre circonscription provinciale
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