Les Indes galantes de Rameau à l’UdeM

18 novembre 2019

Vendredi et samedi dernier, l’Atelier d’opéra et l’Atelier de musique baroque de l’Université de Montréal présentaient des extraits de l’opéra-ballet Les Indes galantes de Rameau.

Les musiciens et les chanteurs étaient principalement des étudiants de la faculté de musique, mais aussi quelques vétérans de la scène musicale baroque de Montréal.

La mise en scène et la chorégraphie étaient assurées par Marie-Nathalie Lacoursière.

Après un prologue, les deux actes (ou ‘entrées’) extraits de cet opéra-ballet furent Les Incas du Pérou et Les Sauvages.

N’étant pas critique musical, on me permettra d’éviter de juger ici la performance des interprètes. Si ce n’est pour dire que l’orchestre m’est apparu impeccable et les chœurs, puissants et justes.

Le présent texte est donc un simple photoreportage de la représentation de samedi, destiné à permettre à ces jeunes interprètes de conserver un souvenir de leurs premiers pas dans leur vie professionnelle.

Pour zoomer, il suffit de cliquer sur l’image.

Les Incas du Pérou

L’orchestre, sous la direction de Luc Beauséjour
Clémence Danvy et Martin Davout
Dominic Veilleux
Dominic Veilleux et les chœurs de l’opéra

Les Sauvages

Aurore Le Hannier et Emmanuel Hasler
Ricardo Galindo, Aurore Le Hannier et Philippe Gagné
Marie-Nathalie Lacoursière et les interprètes de l’opéra

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8
1re photo : 1/50 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 43 mm
2e  photo : 1/200 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 106 mm
3e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 106 mm
4e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 500 — 40 mm
5e  photo : 1/320 sec. — F/2,8 — ISO 1250 — 125 mm
6e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 115 mm
7e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 40 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Photo-reportage de ‘Cosí fan tutte’ à l’UdeM

4 mars 2019

Du 28 février au 3 mars dernier, l’Atelier d’opéra de l’Université de Montréal présentait Cosí fan tutti de Mozart.

En alternance, deux distributions assuraient les représentations.

J’aime beaucoup entendre les élèves et les finissants les plus prometteurs de nos facultés de musique. C’est comme avoir un avant-gout de ceux parmi les nôtres qui pourraient un jour faire rayonner le Québec à l’extérieur de ses frontières.

Puisqu’on m’a permis de prendre des photos au cours de la représentation, voici celles que j’ai rapportées du premier des deux actes.

L’Orchestre de l’Université de Montréal
Martin Davout, Jean-Philippe Mc Clish et Pierre-Étienne Bergeron
Agnès Ménard et Amelia Keenan
Jean-Philippe Mc Clish, Agnès Ménard et Amelia Keenan
Pierre-Étienne Bergeron et Agnès Ménard
Les solistes
La distribution
Ayako Horihata, Agnès Ménard et Amelia Keenan
Ayako Horihata
Les solistes
Jean-Philippe Mc Clish, Martin Davout et Pierre-Étienne Bergeron
Amelia Keenan, Pierre-Étienne Bergeron, Ayako Horihata, Martin Davout et Agnès Ménard

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8
 1re photo : 1/25 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 40 mm
 2e  photo : 1/320 sec. — F/2,8 — ISO 2500 — 150 mm
 3e  photo : 1/200 sec. — F/2,8 — ISO 1250 — 100 mm
 4e  photo : 1/200 sec. — F/2,8 — ISO 5000 — 95 mm
 5e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
 6e  photo : 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 1000 — 48 mm
 7e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 2500 — 43 mm
 8e  photo : 1/200 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 90 mm
 9e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 1250 — 150 mm
10e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 50 mm
11e  photo : 1/160 sec. — F/2,8 — ISO 3200 — 82 mm
12e  photo : 1/200 sec. — F/2,8 — ISO 320 — 90 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Photoreportage de ‘The Fairy Queen’ à l’U de M

3 décembre 2018

Les élèves de la faculté de musique de l’Université de Montréal montent périodiquement des spectacles auxquels le public est invité.

C’était le cas vendredi et samedi soirs derniers où des extraits du semi-opéra Fairy Queen de Purcell étaient présentés.

Le tout était transposé dans une gare ferroviaire.

Sans sous-titres ni livret, j’avoue ne pas avoir compris grand-chose à ce qui se passait sur scène.

Ce spectacle ‘bien’ — un peu en deçà du niveau de spectacles antérieurs donnés par d’autres étudiants — était donc une occasion d’apprécier les talents de la relève lyrique québécoise.

À ma grande surprise, on pouvait photographier au cours de la représentation. Je me suis donc placé au fond de la salle pour prendre les photos suivantes.

Lucas Richaud et Roseline Marois-Bernier
Gaëlle Salomon-Corlobe (excellente)
David Turcotte
Cliquez sur l’image pour l’agrandir
Emmanuel Hasler et Dominic Veilleux
Agnès Ménard
Élise Guignard
Maud Lewden
David Turcotte
Cliquez sur l’image pour l’agrandir
Hélène Picard
Martin Davout
Dominic Veilleux
Luc Beauséjour, Marie-Nathalie Lacoursière et Robin Wheeler

Les trois principaux artisans de cette production sont Luc Beauséjour (qui dirigeait l’Atelier de musique baroque de l’UdeM), Marie-Nathalie Lacoursière (responsable de la mise en scène) et Robin Wheeler (directeur de l’Atelier d’opéra de l’Université de Montréal).

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm R
 1re photo : 1/250 sec. — F/5,4 — ISO 3200 — 128 mm
 2e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 1600 — 150 mm
 3e  photo : 1/6400 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 24 mm
 4e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 6400 — 150 mm
 5e  photo : 1/250 sec. — F/5,0 — ISO 6400 — 100 mm
 6e  photo : 1/60 sec. — F/5,6 — ISO 6400 — 150 mm
 7e  photo : 1/60 sec. — F/5,6 — ISO 6400 — 150 mm
 8e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 5000 — 150 mm
 9e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 5000 — 150 mm
10e  photo : 1/100 sec. — F/5,0 — ISO 1250 — 45 mm
11e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 6400 — 150 mm
12e  photo : 1/160 sec. — F/5,6 — ISO 6400 — 150 mm
13e  photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 5000 — 150 mm
14e  photo : 1/160 sec. — F/5,0 — ISO 2000 — 85 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Actéon et Pygmalion à l’Atelier Opera

5 novembre 2018

Introduction

Elgin Theatre

Du 25 octobre au 3 novembre 2018, l’Atelier Opera de Toronto présentait deux opéras baroques français.

Même si ces œuvres, d’une durée respective d’une quarantaine et d’une cinquantaine de minutes, sont de style baroque, elles appartiennent à deux siècles et à deux esprits très différents.

Actéon

Distribution d’Actéon

Dans la mythologie grecque, Actéon est ce chasseur qui surprend Artémis (appelée Diane par les Romains) alors que la déesse nue prend son bain. Furieuse, celle-ci le change en cerf, bientôt dévoré par ses chiens.

On ne peut ignorer l’aspect moralisateur de l’histoire, alors que le voyeurisme et le désir érotique du chasseur sont finalement sanctionnés d’une punition divine.

La tragédie lyrique de Marc-Antoine Charpentier a été composée en 1684, à une époque où Lully s’était fait octroyer par le roi le monopole de la représentation des grands spectacles musicaux.

Conçue pour divertissement privé d’un noble, l’œuvre était jouée par un petit effectif instrumental et chantée par une poignée de solistes qui assuraient également les parties chorales.

J’avais entendu cette œuvre au disque il y a bien longtemps et le souvenir qu’en avais conservé est celui d’une œuvre sévère, voir un peu ennuyeuse.

À Toronto, l’effectif orchestral a été augmenté. Si bien que l’équilibre entre les vents et les cordes a été modifié aux dépens des premiers. Le rôle d’Actéon est chanté par un baryton plutôt d’un contreténor.

De plus, les parties chorales sont ici assurées par les chanteurs appuyés par un chœur aux accents lullistes, placé dans une loge.

En dépit de ces changements qui assombriront, à juste titre, le plaisir des puristes, la production torontoise est très séduisante.

L’éclairage raffiné de Michelle Ramsay, multipliant des taches d’ombre et de lumière comme dans un sous-bois, les costumes chatoyants de Gerard Gauci (qui rappellent plus un bal du XIXe qu’une partie de chasse au XVIIe siècle), l’incarnation brillante de Colin Ainsworth en Actéon et surtout la mise en scène amusante et inventive de Marshall Pinkoski font en sorte que cette production est de nature à plaire à un public contemporain.

Pigmalion

Distribution de Pigmalion

Présenté en 1748, Pigmalion (selon l’orthographe de l’époque) est une des compositions les plus populaires de Rameau.

Tiré des Métamorphoses d’Ovide (tout comme Diane et Actéon), Pigmalion reflète l’époque hédoniste de Louis XV à la cour.

Le sculpteur Pigmalion tombe amoureux d’une de ses créations à qui Aphrodite, déesse de l’amour, donnera vie. Le tout se termine par des danses qui célèbrent justement le triomphe de l’Amour.

Lully étant mort depuis 1687, Rameau a composé son œuvre pour un ensemble instrumental plus varié que celui dont disposait son collègue Charpentier.

Essentiellement, Pigmalion doit son succès aux ballets qui en occupent la place centrale et à deux airs de bravoure — ‘L’Amour triomphe’ et ‘Règne, Amour’ — qui ne peuvent être chantés que par un ténor capable d’une extrême virtuosité.

Le baryton Colin Ainsworth fait partie du très petit nombre de chanteurs au monde capables d’une prouesse vocale de niveau olympique, à la fois agile et puissante.

Entre deux séances d’enregistrement en studio, on peut accorder un peu de répit au chanteur qui doit interpréter ces airs. Sur scène, celui-ci n’a qu’une pantomime de trois minutes pour reprendre son souffle.

Voilà pourquoi on pardonnera un peu de fatigue au baryton à son deuxième air après avoir été l’épine dorsale de cette double production pendant plus de 90 minutes.

Maintenant, parlons des ballets.

Par souci d’authenticité, il est fréquent de nos jours qu’on danse les ballets baroques en recourant aux notations chorégraphiques de l’époque. C’est ce qu’on a fait à Toronto.

Chorégraphie de Marie-Nathalie Lacoursière

Toutefois, ces pas de danse doivent être accompagnés d’une gestuelle appropriée, comme le montre l’exemple ci-dessus, filmé à Montréal, où on notera le jeu des mains.

C’est cette gestuelle qui n’est pas encore parfaitement bien maitrisée à Toronto.

De plus, à Toronto, les longues robes des danseuses rappellent plus la deuxième moitié du XIXe siècle que l’époque de Rameau.

Quant au fond de scène, c’est un décor surréaliste inspiré de Magritte qui est franchement laid et dont l’impact visuel est une distraction inutile. J’espère qu’on trouvera moyen de le remplacer par autre chose lorsque ce spectacle prendra l’affiche à Versailles.

Ceci étant dit, les productions scéniques d’opéras baroques sont tellement peu fréquentes de ce côté-ci de l’Atlantique que chacune d’elles doit être encouragée. Effectivement, cette double production Actéon/Pygmalion fut, globalement, un assez bon spectacle.

À lui seul, Actéon méritait le déplacement.

Détails techniques des photos : Olympus OM-D e-m5 Mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8
1re photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 1250 — 12 mm
2e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1000 — 31 mm
3e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 38 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Venus & Adonis / Pigmalion

14 novembre 2014

C’est hier soir qu’avait lieu la première de quatre représentations d’un spectacle donné par les étudiants en musique de l’université McGill.

À l’affiche, deux oeuvres lyriques : Venus & Adonis de John Blow (1649-1708) et Pigmalion de Jean-Philippe Rameau (1683–1764).

Cette année, le directeur des études d’opéra à McGill, M. Patrick Hansen, a exigé que tous les opéras soient placés sous le thème de la Première Guerre mondiale.

Conséquemment, les deux oeuvres ont été transposées dans un hôpital militaire anglais à l’époque de ce conflit.

Venus & Adonis

Au premier plan : Kimberly Lynch (Cupid), Sara Casey (Venus), Hank Knox (chef d’orchestre) et Jared Levin (Adonis)

Si la substitution de bergères par des infirmières n’a rien de répréhensible, je ne comprends pas comment on a pu imaginer que Venus & Adonis — le plus ancien opéra anglais qui nous soit parvenu — pouvait être chantée au son des bombes et des gémissements des blessés, sans en trahir l’esprit de cette pastorale.

L’oeuvre de John Blow — minée par des prémices aussi grossières que stupides — est donc devenue un prétexte à M. Hansen pour exposer narcissiquement son talent de metteur en scène.

De plus, probablement en raison de la nervosité, à peu près tout le monde chantait faux à cette première, sauf Kimberly Lynch (Cupid) et Sara Casey (Venus) qui ont brillé tout au long de la représentation.

Pigmalion

Au premier plan : Angela Musliner (la Statue) et Jan van der Hooft (Pigmalion)

Pour Pigmalion, je ne vous cacherai pas que je m’attendais au pire puisque cet opéra contient deux airs d’une extrême difficulté, redoutables même pour des chanteurs professionnels. Eh bien, j’avais tort.

Le court opéra-ballet de Rameau repose essentiellement sur trois piliers; le ténor, l’orchestre et la chorégraphie des ballets. C’est au premier que sont confiés les airs de bravoure dont j’ai parlé. Or la diction de John van der Hooft (un jeune chanteur de Winnipeg) est excellente. De plus, celui-ci s’est tiré d’affaire avec un brio qui nous laisse entrevoir pour lui un brillant avenir.

Ses trois consoeurs ont également été à la hauteur de ce qui les attendait, tant par leur diction française relativement bonne que la qualité de leur champ.

L’opéra-ballet était donné sans ballet puisque cette discipline ne semble pas être enseignée à McGill. L’orchestre — plutôt bien — a donc joué ces parties comme des intermèdes instrumentaux, ce qui a affaibli davantage la mise en scène déjà rudimentaire d’Aria Umezawa.

À la place, les blessés et le personnel de l’hôpital font irruption dans l’atelier du ténor-sculpteur sans autre justification que de pouvoir être sur scène pour chanter l’air final L’Amour triomphe après avoir entendu l’annonce de l’armistice à la radio.

Malheureusement, à l’époque, la radio était au stade expérimental; les stations radiophoniques diffusant des émissions et des nouvelles ne sont apparues que bien après la fin de la Première Guerre mondiale.

Cet anachronisme est évidemment un détail dans le grand projet des autorités de célébrer le centième anniversaire du déclenchement (et non la fin) de ce conflit qui fut — apprend-on ici — une merveilleuse occasion de faire triompher l’amour…

Grâce à l’université McGill, on sort de cette production presque heureux du déclenchement de cette guerre qui a fait neuf millions de morts et environ huit millions d’invalides.

Conclusion

À Montréal, la représentation d’opéras baroques est une entreprise inhabituelle qui mérite d’être encouragée. En dépit d’une première désastreuse pour l’opéra de John Blow (qui, espérons-le, s’améliorera dans les représentations subséquentes), la performance des quatre solistes et des autres jeunes chanteurs dans l’opéra de Rameau vaut à elle seule le prix des billets (25$ seulement).

Si un jour, un de ces chanteurs devait accéder à la célébrité (ce qui est bien possible), vous pourrez vous vanter d’avoir assisté à leurs premiers pas sur la scène montréalaise.

Détails techniques : Appareil Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8
1re photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 12 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 400 — 17 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le DVD de Persée, de Lully, par l’Opera Atelier de Toronto

4 novembre 2014
Cyril Auvity (Persée) et Marie Lenormand (Andromède)

Il est toujours hasardeux pour un mélomane de jouer au critique musical puisque ce métier exige une compétence que je n’ai pas.

Il y a deux ans, j’ai eu le plaisir d’assister à Toronto, à une production d’Armide de Lully mise sur pied par l’Opera Atelier dont j’avais dit le plus grand bien sur ce blogue et qui devait triompher à Versailles quelques mois plus tard.

En fin de semaine dernière, j’ai écouté un des enregistrements que j’ai rapportés de Paris et qu’on peut obtenir facilement en Amérique du Nord : Persée de Lully, dirigé par Hervé Niquet, et présenté par l’Opera Atelier de Toronto en 2004.

Avant d’écrire le texte que vous lisez, j’ai consulté les critiques de l’époque. Celles-ci sont plutôt sévères. Sans être dénudées de fondement, elles passent à mon avis à côté de l’essentiel.

Le triomphe non seulement d’Armide à Versailles, mais également de Lucio Silla de Mozart à Salzburg — et l’invitation de présenter cette dernière production à la Scala de Milan — nous obligent à repenser le travail des codirecteurs artistiques de l’Opera Atelier, Marshall Pynkoski et Jeannette Lajeunesse-Zingg.

Se peut-il que ces artistes aient dérouté la critique de l’époque tout simplement parce que leur approche novatrice était en avance sur leur temps ?

De nos jours, on sait précisément comment la musique baroque était jouée et chantée à l’époque de Louis XIV. On sait relativement bien comment on dansait sur scène. Mais on sait peu de choses du jeu des comédiens-chanteurs.

Puisque les chanteurs étaient éclairés essentiellement par des chandelles placées à l’avant-scène, on chantait principalement tourné vers l’assistance et non vers le personnage auquel on s’adressait. Le reste, c’est le grand vide.

Et ce grand vide, c’est ce qu’essaient de combler un certain nombre de metteurs en scène. Guidés par leur intuition, ceux-ci proposent des solutions fort différentes dont personne ne peut juger avec certitude de la validité.

L’approche de l’École de Toronto (si on peut l’appeler ainsi) est d’unifier la gestuelle — et plus précisément le jeu de mains typique de la danse baroque — à tous les personnages sur scène, qu’ils soient danseurs ou chanteurs. De plus, lorsqu’ils sont immobiles, les chanteurs adopteraient les poses typiques des gravures de l’époque. En d’autres mots, ces poses ne seraient pas un lieu commun des graveurs, mais leur témoignage du jeu scénique auquel ils assistaient.

L’École de Toronto proposait au départ un langage corporel maniéré presque à outrance. D’Armide à Persée, ce langage s’est épuré et est devenu plus expressif. Si bien que le maniérisme originel s’est transformé en un langage corporel presque aussi codifié que l’était la musique baroque elle-même.

De plus, le montage « cinématographique » d’un opéra filmé, avec sa succession de plans rapprochés et éloignés, ne peut être qualifié d’authentique. En effet, un opéra était destiné à être vu que d’un seul point de vue; celui d’un spectateur immobile (aussi ennuyeux que ce point de vue puisse paraitre au téléspectateur d’aujourd’hui).

La mise en scène de Persée est composée d’une succession de tableaux; quand le DVD montre (trop brièvement) l’ensemble de la scène au théâtre Elgin de Toronto, cela est presque toujours meilleur que tous les gros plans qui l’ont précédé.

Les costumes, séduisants, ne pêchent pas ici par excès d’authenticité. Les décors sont simples (comme ils l’étaient généralement à l’époque). Toutefois, les chorégraphies sont assez réussies.

Je tiens à souligner que la production torontoise bénéficie de jeunes chanteurs dont la diction est généralement impeccable. Ce qui fait qu’on peut se passer de sous-titres.

Bref, si vous aimez l’opéra baroque, cette production de Persée devrait vous fasciner. J’ai beaucoup aimé.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le « Vaisseau fantôme » à l’Opéra de Lyon

13 juin 2014

Vaisseau fantôme
 
Du 11 au 26 octobre 2014, l’Opéra de Lyon présente « Le Vaisseau fantôme » de Wagner. Si vous avez la possibilité d’assister à ce spectacle, je vous invite ardemment à y allez. Même si vous détestez Wagner.

La mise en scène de ce spectacle sera assurée par Àlex Ollé, un des six directeurs artistiques de la La Furia dels Baus.

Pour vous donner une idée, le collectif catalan La Furia dels Baus est à la mise en scène d’opéra, ce que Le Cirque du Soleil est à l’acrobatie.

Leurs excès émerveillent et font pardonner leur point faible; les voix des chanteurs qui participent à leurs productions.

En sortant de l’Opéra de Lyon, si vous flottez dans vos souvenirs de ce spectacle, c’est que La Furia dels Baus aura réussi son pari.

Pour savoir ce que « Le Vaisseau fantôme » sonne quand il est bien chanté, cliquez sur ceci et écoutez-ça fort…

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’opéra « La tragédie du Prince Zidan »

2 mars 2014
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Du 15 février au 1er mars 2014, la Place des Arts de Montréal présentait le festival « Spectaculairement Chine ». Son point culminant était la présentation de l’opéra La tragédie du Prince Zidan, inspiré du Hamlet de Shakespeare.

Cet opéra est une composition récente de la Compagnie de Jingju de Shanghai, basée au Théâtre Yifu de cette ville. L’œuvre est écrite à la manière d’un opéra de Pékin. Sans vraiment renouveler le genre, ce spectacle est fidèle à la tradition.

On y trouve donc ce mélange caractéristique de théâtre, de chant, de danse et d’arts martiaux. Comme toujours pour un opéra de Pékin, la musique n’est pas mélodieuse et fait une large place à la percussion. Les décors se limitent à quelques chaises et à des paravents. En contrepartie, les costumes sont magnifiques.

Hors de Chine, la présentation d’un opéra de Pékin est toujours un événement. Après Édimbourg, Montréal est devenue la deuxième ville occidentale à accueillir cette production, dont les photos ci-dessus donnent un aperçu de la splendeur.

Compléments de lecture :
Brief introduction about Shanghai Jingju Company
Un opéra mélodramatique chinois : « Décapiter mon père »

Détails techniques : Appareil Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8
1re photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
2e  photo : 1/400 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
3e  photo : 1/640 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
4e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
5e  photo : 1/800 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Vaisseau fantôme (La Havane 2003-11-16)

24 novembre 2013

 
Chef d’orchestre : Eduardo Díaz
Metteur en scène : Andreas Baesler
Orchestre symphonique du Gran Teatro de La Havane
Chœur du Teatro Lirico Nacional de Cuba et Chœur de l’ICRT

Distribution :
Le Hollandais : Andrey Maslakov
Senta (la fille de Daland) : Johana Simón

Daland (un capitaine norvégien) : Marcos Lima
Le timonier de Daland : Bryan López
Erik (un chasseur) : Yuri Hernández
Mary (la gouvernante de Daland) : Lily Hernández ou Dayami Pérez


L’an dernier, au cours de mon premier voyage à La Havane, j’avais assisté à plusieurs galas dans le cadre du festival de ballet. Ce festival se tient aux deux ans dans la capitale cubaine.

Lorsqu’un orchestre était présent, il jouait habituellement faux. Si bien que j’en avais conclu que les musiciens cubains sont très bons pour jouer de la musique latino-américaine, mais que la musique classique ne faisait pas partie des domaines où ils excellaient.

Au milieu de mon deuxième séjour à La Havane, j’apprends qu’on y présente (pour la première fois dans cette ville) Le Vaisseau fantôme de Wagner (dont le titre, en espagnol, signifie L’Hollandais errant).

Évidemment, je m’attends au pire. « Ils ont de la difficulté à jouer Mozart : imagine Wagner » pensais-je. Mais je décide d’y aller quand même, par curiosité.

J’avais apporté un appareil afin de photographier les interprètes sous les applaudissements, à la fin de la représentation. Mais dès le premier acte, j’entends plusieurs airs particulièrement agréables. Si bien que je ne peux résister à la tentation d’enregistrer deux airs, clandestinement.

En fait, le premier acte est tellement mélodieux que j’en viens à soupçonner que le livret est bien de Wagner, mais qu’on y a ajouté des airs d’opéras italiens, probablement de Verdi, pour faire plus joli (en d’autres mots, pour faire « avaler » Wagner au public cubain).

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Effectivement, je me rappelle qu’à la billetterie, une affiche calligraphiée présentait Le Vaisseau fantôme de Richard… Basler (c’est le nom de famille du metteur en scène). Donc j’en viens à croire qu’il s’agit tout simplement d’une fantaisie basée sur l’opéra de Wagner.

Malgré mes doutes quant à l’authenticité de ce spectacle, je réalise qu’au stricte point de vue documentaire, c’est une occasion exceptionnelle : celle de créer une vidéo qui témoignerait d’un aspect de la vie culturelle havanaise — la pratique de l’opéra, avec le décor unique, le tabagisme sur scène, la banderole patriotique, etc. — au crépuscule d’une époque, c’est-à-dire quelque temps avant la levée de l’embargo américain. N’importe quel documentariste rêve du jour où il serait en mesure d’immortaliser un monde qui tire à sa fin.

À l’entracte, je me suis donc dirigé dans la cinquième rangée du fond de la mezzanine, pour filmer cette série de clips. Et c’est en captant ce spectacle que j’ai été renversé par la performance ahurissante de la soprano cubaine Johana Simón, d’où l’attention que je lui ai portée.

De retour de mes vacances, je me suis empressé d’écouter le DVD de cet opéra, tel que capté à Bayreuth : c’était bien la musique de Wagner, mais jouée et chantée comme jamais je ne l’avais entendue auparavant.

Pour terminer, l’Opéra de Montréal, l’Orchestre symphonique de Montréal et Franz Muzzano (auteur d’un blogue où l’opéra tient une place importante) ont été invités à prendre connaissance de cette vidéo.

Ce dernier a répondu :

« Merci infiniment pour cette petite perle !

Bien-sûr, il y a des maladresses, mais aussi beaucoup de fraîcheur dans cette production, visiblement donnée avec les moyens du bord.

Johanna Simón mérite d’être entendue dans d’autres conditions. Des hommes un peu légers peut-être, mais la prise de son est telle…

Et le choeur du III, qui serait ridicule partout ailleurs, ici apparaît plein d’enthousiasme.

Pour une fois qu’on ne m’insulte pas, mais qu’on contribue à enrichir ce blog, c’est inestimable !

Merci encore, cher Jean-Pierre 🙂 »


Voir aussi :
Liste des diaporamas du premier voyage à La Havane
Liste des diaporamas du second voyage à La Havane

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Armide : amour et passion chevaleresques

19 avril 2012
Affiches à l’entrée du Théâtre Elgin

Jusqu’au 21 avril, l’Opera Atelier de Toronto présente Armide (1686), le dernier opéra terminé par Jean-Baptiste Lully. L’opéra raconte l’amour malheureux de la magicienne Armide pour le chevalier Renaud.

Après la Ville-reine, cette production sera présentée trois fois à l’Opéra royal de Versailles (du 11 au 13 mai prochains) et huit fois à New York, entre le 21 juillet et le 23 août 2012.

Dans tous les cas, l’accompagnement musical sera assuré par les membres du Tafelmusik Orchestra, soit un des meilleurs orchestres baroques au monde.

Plafond du Théâtre Elgin

Dès le départ, ce qui frappe dans cette production, c’est le jeu maniéré des chanteurs. Il s’agit ici d’un choix délibéré du metteur en scène, un choix qui se justifie dans la mesure où il ne s’agit pas de personnages de téléromans mais d’êtres plus grands que nature tirés d’un poème épique de la Renaissance. Or qui connait le langage corporel et la manière de s’exprimer des chevaliers médiévaux imaginés par un auteur italien ?

Plus précisément, il s’agit d’une dramatisation excessive de l’émotion ressentie par les personnages, dans un opéra qui repose entièrement sur la description des sentiments. À titre d’exemple, au 2e des cinq actes, quand Armide — incarnée Peggy-Kriha Dye, par une tragédienne exceptionnelle — lève son glaive pour poignarder Renaud endormi, on la voit hésiter à plusieurs reprises entre la haine éprouvée contre lui et l’éveil de la pulsion sexuelle qu’il suscite en elle, et qui lui fera finalement renoncer à ses sombres projets (ce qui, heureusement, permet à l’opéra de se poursuivre encore une heure). Cette dramatisation possède l’avantage de rendre évidente la compréhension du livret.


 
Les décors sont biens. Le véritable point faible de cette production, ce sont les costumes qui, quoique chatoyants, manquent de magnificence pour un opéra qui a contribué à la splendeur royale sous Louis XIV. Il faut préciser que si les danseuses sont vêtues de robes, leur collègues masculins dansent généralement en collants. C’est aussi la tenue vestimentaire du baryton qui incarne le personnage de la Haine et qui, heureusement, possède le gabarit ostentatoire d’un culturiste.

À Toronto, la danse baroque ne semble pas avoir atteint la maturité qu’elle a ici, à Montréal ni, à plus forte raison, celle qu’on peut constater sur les scènes baroques parisiennes. Mais on a compensé cette lacune par une créativité qui a valu aux spectateurs de très agréables numéros de danse dont un, accompagné de castagnettes, qui fut un moment de pure magie.

Les chanteurs et les danseurs semblent tous avoir moins de 35 ans. Si vous êtes habitués aux sopranos obèses, cette jeune distribution ne comporte que de jeunes adultes au physique avantageux.

Oui mais le chant dans tout cela ? Absolument impeccable. Si la diction française laisse parfois à désirer, le chant lui-même est parfait.

Et puisque l’Air du sommeil est celui qui a fait la renommée de cette œuvre, les spectateurs présents au Théâtre Elgin mardi soir eurent droit à une pièce d’anthologie de la part du ténor canadien Colin Ainsworth (pour lequel on a transposé le rôle de Renaud, originellement conçu pour un haute-contre). À Versailles, une exécution de cette qualité (précisons que dans ce cas-ci la diction était parfaite) aurait provoqué un tonnerre de bravos et d’applaudissements. À Toronto, personne n’a applaudi : je n’en suis pas revenu.

Bref, si vous passez par Toronto ces jours-ci ou si vous pouvez assister à une des représentations versaillaises, je vous invite à assister à cet opéra baroque très bien défendu par cette jeune troupe torontoise enthousiaste.

Détails techniques : Panasonic GH1, objectif Lumix 14-45mm
1re photo : 1/60 sec. — F/4,4 — ISO 800 — 20 mm
2e photo  : 1/30 sec. — F/4,0 — ISO 320 — 18 mm
3e photo  : 1/4 sec. — F/4,5 — ISO 400 — 21 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel