La rue Amherst ou l’art masochiste d’honorer nos conquérants

17 septembre 2017


 
Introduction

Depuis 1817, une des rues nord-sud les plus importantes de Montréal porte le nom d’Amherst.

Cette semaine, le maire de Montréal a fait connaitre son intention de faire en sorte que cette rue soit renommée.

Rappel historique

Jeffery Amherst était l’ultime responsable des opérations militaires lors de la conquête anglaise de la Nouvelle-France.

En remontant le Saint-Laurent vers Québec, le général Wolfe fit détruire, en aout et septembre 1759, la moitié des villes et incendier la plupart des exploitations agricoles (plus de 4 000). Son supérieur, Amherst, était parfaitement au courant de ce qui se passait.

Amherst ne lui en avait pas spécifiquement donné l’ordre. Parce que tout cela était de la routine; c’était comme ça qu’opéraient les armées anglaises en temps de guerre.

Le révérend James Gibson, aumônier naval des forces britanniques, écrivait : « Je crains que la campagne militaire ne se solde par la ruine totale de ce pays. Nous avons brulé tous les champs de blé sur pied et toutes les maisons sur trente milles de chaque côté du fleuve, ce qui veut dire toutes les terres habitées jusqu’à Québec.»

Avant de prendre la ville d’assaut, Wolfe fit bombarder Québec durant deux mois et demi; les bombes incendiaires anglaises étaient dirigées spécifiquement contre la population civile de la Haute-Ville, plutôt que contre les batteries françaises de la Basse-Ville.

Après la chute de Québec et la reddition sans affrontement de Montréal, Amherst dut faire face à la révolte indienne du chef Pontiac.

Amherst donne alors l’ordre suivant : « Vous feriez bien d’infecter les Indiens au moyen de couvertures ayant servi à des vérolés ou de vous servir de tout autre moyen qui pourrait contribuer à exterminer cette race maudite.»

Même s’il est généralement admis que les armées britanniques ont utilisé l’arme bactériologique pour décimer les Autochtones, on ne possède pas de preuve que l’ordre d’Amherst, lui, a été exécuté. Ni de preuve à l’effet contraire.

Pourquoi nomme-t-on les rues ?

Certains opposants au changement du nom de la rue Amherst font valoir qu’assumer les épisodes douloureux de notre Histoire au lieu de les nier est un signe de maturité.

D’autres soulignent que si Amherst est un criminel de guerre selon nos critères d’aujourd’hui, on a tort d’appliquer rétroactivement nos valeurs morales pour juger les personnages du passé.

Ce qui nous amène à nous demander pourquoi on donne le nom de personnes célèbres à des rues, à des immeubles ou à des places publiques.

On n’honore jamais l’être humain. Que d’Iberville ait refusé de respecter les obligations de sa paternité, que Claude Jutras ait été pédophile, que Jean Talon ronflait au lit ou que Champlain ne se brossait pas les dents, tout cela n’a aucune importance.

En les nommant ainsi, on honore plutôt l’œuvre du personnage. Nous exprimons notre reconnaissance pour ce qu’ils ont fait de bien pour nous.

Voilà pourquoi il n’existe pas de rue Jeanne-d’Arc ni de rue Bonaparte à Londres. Mais il en existe à Paris. Et inversement, il y a une gare Waterloo à Londres, mais pas à Paris.

Cette commémoration sert également à affirmer fièrement : « Voilà comment des gens issus de cette nation peuvent être grands.» C’est implicitement un appel au dépassement pour chacun d’entre nous.

Par contre, qu’on oblitère les noms de nos conquérants (Amherst, Wolfe, etc.), cela est la moindre des choses pour tout peuple qui se respecte. Leur place est exclusivement dans nos manuels d’histoire, où leurs actions seront mises en perspective.

Références :
Jeffery Amherst
Bonne conscience à peu de frais
Jeffrey Amherst
L’époque troublée du premier Irlandais au Canada
Le Régime britannique
Montréal veut reléguer Amherst aux oubliettes
Siège de Québec (1759)


Post-Scriptum : En juin 2019, la ville de Montréal a décidé de renommer la rue Amherst ‘rue Atataken’. Ce qui signifie Fraternité en mohawk.

Référence : La rue Amherst devient la rue Atateken (2019-06-21)

Laissez un commentaire »

| Histoire | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La sainte citation

16 septembre 2017

Dans son éditorial intitulé La sainte prédominance, Michel David termine en déclarant qu’un délégué au récent congrès du Parti québécois se serait opposé à ce qu’un gouvernement péquiste soit trop bon puisque cela rendrait confortable notre soumission à l’ordre canadien et conséquemment, enlèverait des raisons de faire l’indépendance.

Il m’arrive d’être un peu nono, mais pas à ce point-là…

Dans le contexte de la discussion au sujet du premier paragraphe de la résolution 412 (au sujet d’Énergie Est), j’ai effectivement déclaré : « Je suis contre le fait que le PQ fasse croire qu’on peut avoir tous les avantages de l’indépendance sans avoir besoin de la faire.»

Que dit cette résolution ?

Utiliser tous les leviers légaux, règlementaires, judiciaires et politiques pour freiner le projet Énergie Est et tout autre projet de transport de pétrole produit ou raffiné hors Québec à des fins exclusives d’exportation par oléoduc, par navire ou par rail.

Tel qu’il a été adopté, ce paragraphe est un bluff qui laisse croire que le Québec aurait le moyen d’empêcher ou de nuire à la construction de ce pipeline.

Actuellement, le transport de pétrole au Québec — que ce soit par train, par pipeline ou par pétrolier — est un domaine de compétence constitutionnelle exclusif du gouvernement fédéral.

Si Trans-Canada décide d’aller de l’avant avec son projet, seule l’indépendance pourrait empêcher la construction d’Énergie Est.

À preuve : si le Québec était déjà indépendant, Trans-Canada exporterait son pétrole par la Baie d’Hudson.

Énergie Est constitue donc un argument en or pour convaincre ses opposants à devenir indépendantistes s’ils ne le sont pas déjà.

À mon avis, le PQ se tire dans le pied en faisant croire que nous pouvons avoir, dans ce cas, tous les avantages de l’indépendance sans avoir à la faire.

Voilà très précisément le sens de mon intervention au congrès.

Ceci étant dit, l’article 6.4.1 du programme du PQ avoue, à juste titre, que « c’est Ottawa qui décide et le Québec n’a essentiellement rien à dire». À l’opposé, la résolution 412 à laquelle je me suis opposé — et l’article 6.4 du programme qu’elle remplace — constituent un bluff au sujet de pouvoirs que le Québec n’a pas.

J’inviterais donc le Conseil exécutif national du PQ à corriger la contradiction entre le bluff de l’article 6.4 et l’aveu d’impuissance de l’article 6.4.1 du programme.

De plus, à défaut de pouvoir empêcher la construction d’Énergie Est, le PQ peut au moins s’engager à éviter de favoriser la construction de ce pipeline.

Or pour éviter de favoriser sa construction, il suffit d’abroger l’infâme loi 106 du gouvernement Couillard qui accorde le droit d’expropriation aux pétrolières. Un engagement qui n’apparait nulle part dans le programme du parti.

Le Conseil exécutif pourrait en profiter pour corriger cette lacune.

Références :
Le gouvernement Couillard accorde le droit d’expropriation aux pétrolières
Projet de loi 106 : le ministre Arcand doit démissionner

Laissez un commentaire »

| 2014-2018 (années Couillard), Politique québécoise | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Arthur à Pop Montréal

16 septembre 2017
Site du festival
Jean-Guy « Arthur » Cossette

Dans le cadre de la seizième édition du festival Pop Montréal — du 13 au 17 septembre 2017 — on présentait hier soir le légendaire guitariste Jean-Guy « Arthur » Cossette.

Celui-ci est connu pour avoir fait partie de différents groupes musicaux québécois : Les Jaguars, Les Sinners, et La Révolution française, en plus d’avoir travaillé avec Robert Charlebois.

Le spectacle d’hier soir pourrait être qualifié de rétro. À l’aide de ses guitares électriques d’époque, Arthur a reproduit le son des Jaguars.

Arthur et ses musiciens

Au lieu d’une console moderne destinée à modifier le son (comme on le fait de nos jours en post-production), le guitariste a connecté ses instruments à un petit synthétiseur primitif pour ajouter sur le vif de la réverbération, comme on le faisait autrefois.

Sur la photo ci-dessus, ce synthétiseur est placé vers la gauche, sur une table circulaire blanche, derrière le micro et devant la batterie.

Finalement, ce spectacle gratuit nous permettait de nous replonger dans la musique tantôt virtuose, tantôt dansante, d’une autre époque.

Référence : Les Jaguars

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2
1re photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 2000 — 25 mm
2e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 800 — 25 mm
3e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 640 — 25 mm

Laissez un commentaire »

| Culture, Musique, Pop Montréal | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le financement public des écoles privées au Québec

15 septembre 2017

Idéologiquement, le Journal de Montréal est un fourretout où se côtoient des chroniqueurs dont les orientations sont diverses et parfois contradictoires.

Mon préféré est un brillant intellectuel nommé Simon-Pierre Savard-Tremblay.

Son opinion au sujet du financement des écoles privées rejoint la mienne.

Plutôt que de tenter de dire la même chose que lui en mes propres mots, je préfère vous guider vers son texte, puisque je n’ai rien à ajouter.

Il suffit de cliquer sur l’image ci-dessous.
 

Photo : © — Jean-François Desgagnés/Journal de Québec/Agence QMI

Laissez un commentaire »

| 2014-2018 (années Couillard), Politique québécoise | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Les services à visage découvert et les droits constitutionnels

14 septembre 2017

Voile_islamique
 
Lors de la cause célèbre de Zunera Ishaq, les tribunaux canadiens ont établi qu’une personne peut prêter le serment d’allégeance au pays en portant le niqab, à la condition qu’elle se soit dument identifiée au préalable.

Depuis ce temps, on sait que le port du niqab est un droit constitutionnel. Mais s’agit-il d’un droit fondamental ?

La réponse est oui si on pense que rien n’est plus fondamental qu’un droit constitutionnel.

Mais si on croit que seuls les droits de l’Homme universels sont des droits fondamentaux, la réponse est différente.

Le port du niqab et de la burka est un droit constitutionnel au Canada. Mais ce n’est pas un droit constitutionnel en France. Ce n’est pas un droit constitutionnel en Belgique. Ce n’est pas un droit constitutionnel en Allemagne. Et ce n’est même pas un droit constitutionnel au Maroc, pourtant pays musulman.

Essentiellement, les idéologues qui ont rédigé la Canadian Constitution voulaient consacrer la suprématie absolue des droits individuels pour deux raisons.

Premièrement, parce que cela permettait d’ajuster le système juridique canadien au néolibéralisme triomphant de l’époque.

Et secondairement, parce que cela permettait de bloquer une loi québécoise révolutionnaire basée, au contraire, sur la suprématie des droits collectifs, soit la Loi 101.

Ce faisant, ces idéologues n’ont pas su prévoir la montée de l’intégrisme musulman. L’intégrisme religieux a toujours existé mais le wahhabisme a pris en Occident une influence considérable, grâce aux sommes colossales que la dictature saoudienne consacre à sa promotion.

Par son projet de loi 62, le gouvernement Couillard se propose d’obliger que la demande et que la fourniture de services gouvernementaux soient faites à visage découvert.

Lorsqu’on accuse le Québec de brimer ainsi les droits constitutionnels des femmes niqabées et de celles qui portent la burka, ce qu’on fait, c’est qu’on exige la soumission du Québec à l’ordre constitutionnel dicté par le Canada anglais.

On ne se demande pas si l’interdiction du niqab et le la burka est justifiée : on constate simplement que cette interdiction est contraire à la Canadian Constitution et on voudrait que nous nous inclinions béatement devant cette dernière.

Comme s’il s’agissait d’un texte sacré que l’ancien premier ministre Pierre-Elliott Trudeau — tel Moïse descendant de la colline Parlementaire — aurait confié à son peuple de la part de Dieu.

Au contraire, la Canadian Constitution est une loi ethnique votée par l’ethnie dominante du Canada à l’issue d’une séance ultime de négociation à laquelle le Québec n’a pas été invité.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que le Canada est un pays colonial. Mais à la différence des autres — qui ont leurs colonies au loin, sous les tropiques — le Canada a les siennes dispersées sur son territoire.

Ce sont des poches autochtones régies par un apartheid juridique dont le but est leur lente extermination et le Québec dont on soutire 50 milliards$ de taxes et d’impôts en contrepartie de 9 à 12 milliards$ de péréquation s’il se tient tranquille.

Cette loi ethnique fut adoptée sans nous de la même manière qu’une colonie ne décide pas des lois que la métropole désire lui imposer.

Que l’ethnie dominante ait pu en catimini négocier une nouvelle constitution et l’adopter sans le Québec dit tout de notre statut au sein de ce pays dont les politiques multiculturelles n’arrivent pas à masquer la nature profondément raciste de ses institutions.

Dans le texte de cette constitution, il y a une clause dérogatoire. Elle peut être invoquée pour tout sauf l’article 23 qui, très précisément, est celui qui prescrit la lente extinction linguistique du Québec.

Mais on peut invoquer cette clause dérogatoire pour tout le reste. Nous serions stupides de nous en priver.

Et si les élites canadiennes anglaises ne sont pas d’accord, c’est leur problème et non le nôtre.

Dans tous les cas, il est clair qu’un Québec indépendant aura la liberté de se doter d’une constitution d’inspiration européenne plutôt que d’être enchainé à la constitution absurde adoptée par le Canada anglais en 1982.

Références :
La burka au volant : est-on devenu fou ?
Énergie au Québec
L’Allemagne interdit le voile intégral dans la fonction publique
Le Canada, un projet colonial réussi
Le Maroc interdit la fabrication et la vente de la burqa
Le prosélytisme de l’Arabie saoudite
Port du voile en hausse parmi les musulmanes au Canada
Zunera Ishaq, who challenged ban on niqab, takes citizenship oath wearing it

Parus depuis :
Sondage: les Canadiens et les Québécois favorables au projet de loi 62 (2017-10-27)
Denmark passes law banning burqa and niqab (2018-05-31)
L’Algérie interdit le port du niqab sur le lieu de travail (2018-10-21)
Switzerland to ban wearing of burqa and niqab in public places (2021-03-07)

Pour consulter les textes de ce blogue consacrés au prix à payer pour l’appartenance au Canada, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| 2014-2018 (années Couillard), le prix du fédéralisme, Politique québécoise, Sociologie | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Québec, paradis du « cheap labour » grâce au PLQ

13 septembre 2017

C’est aujourd’hui que Statistique du Canada nous apprenait que le revenu familial au Québec était un des plus faibles au Canada.

Par ailleurs, on sait que le taux de chômage diminue au Québec depuis 1992. Il est à un creux historique.

Dans une économie de libre marché, lorsqu’une ressource se raréfie, son prix augmente.

Dans le cas de la main-d’œuvre disponible, elle se raréfie et pourtant, son prix n’augmente pas.

Que se passe-t-il ?

C’est que sous la gouverne du Parti libéral (PLQ), le Québec est devenu le paradis du travail à bon marché.

Le gouvernement Couillard laisse des sièges sociaux — lieux de salaires très bien rémunérés — devenir des coquilles vides puisque les opérations sont déménagées hors du Québec.

Le PLQ justifie son laissez-faire sous le prétexte cela était l’inverse autrefois. En réalité, on achetait des compagnies américaines lorsque le dollar canadien valait plus que la devise américaine. La situation s’est complètement inversée depuis.

De plus, le PLQ n’a pas de stratégie industrielle. Pendant les années Charest, le Plan Nord faisait office de stratégie industrielle. Il s’agissait du plus gros projet de gaspillage des fonds publics (60 milliards$), destiné à soutenir artificiellement des projets miniers qui, autrement, ne seraient pas rentables. Heureusement, ce fut un flop.

Ce qui se crée au Québec depuis quinze ans, ce sont principalement des emplois précaires, près d’un salaire minimum que le PLQ hésite à faire augmenter. Si bien que le revenu disponible par personne — au 4e rang canadien sous Landry — est lentement tombé au dernier rang canadien sous les gouvernements libéraux.

Précisons qu’en gros, le revenu disponible par personne est le salaire brut moins l’impôt. Or depuis quinze ans, le PLQ n’augmente pas les impôts mais, à la place, augmente le tarifs des services gouvernementaux. Lorsqu’on tient compte de l’augmentation des tarifs, nous sommes encore plus pauvres.

Ce que confirme aujourd’hui Statistique Canada avec ses données sur le revenu des familles.

Références :
Baie-James vs Plan Nord
Le revenu des familles québécoises parmi les plus faibles au pays
Le chômage au Canada
Le chômage à un creux historique de 6% au Québec
Le revenu des familles québécoises parmi les plus faibles au pays

Paru depuis :
La pénurie touche davantage le «cheap labour» (2017-12-28)

4 commentaires

| 2014-2018 (années Couillard), Économie, Politique québécoise | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le XVIIe congrès national du PQ

11 septembre 2017

C’est à Montréal du 8 au 10 septembre 2017 que se tenait le XVIIe congrès national du Parti Québécois. Le congrès précédant eut lieu en avril 2011.

Comme les trois quarts des 1 500 délégués, c’était la première fois que j’assistais à un congrès politique.

Les congrès du PQ sont très différents de ceux qu’on voit dans les films américains. Dans les coulisses, pas d’alcool coulant à flots. Dans les couloirs, pas de harcèlement par de jolies demoiselles au décolleté plongeant. Et, dans la salle principale, pas d’apothéose finale au cours de laquelle les confettis et les milliers de ballons s’abattent sur les congressistes en liesse.

La première journée

Débutant par l’inscription des délégués de midi à 13h, le programme du vendredi comprenait deux activités importantes.

Répartis en sept ateliers thématiques (économie, environnement, langue, éducation, santé, famille, etc.), les congressistes participèrent à une première séance de travail de deux heures au cours de laquelle ils étudièrent les centaines de résolutions originaires d’un peu partout au Québec.

Après un repas du soir libre, un gala se déroulait dans la grande salle du Palais du congrès.

Jordi Solé i Ferrando, eurodéputé de la Catalogne

À cette occasion, on nous présenta des représentants de mouvements indépendantistes : celui de Catalogne eut droit à une ovation.

Le chef du PQ prononça par cœur un discours d’environ 90 minutes.

M. Lisée fut l’auteur des discours de plusieurs grands premiers ministres du Québec. Par moments, on aurait cru entendre ceux-ci parler par la bouche de Jean-François Lisée. En réalité, il s’agissait plutôt, à l’inverse, des mots semblables à ceux que Lisée leur faisait dire.

Non seulement Lisée écrit très bien, mais c’est un excellent orateur.

La deuxième journée

Le matin fut consacré à une deuxième séance de travail en atelier. Parallèlement à cela se déroulait le vote de confiance à l’égard du chef du parti. Chaque congressiste devait donc quitter brièvement son atelier pour aller voter.

Après une pause pour manger, les ateliers reprenaient jusqu’au milieu de l’après-midi.

Jean-François Lisée, entouré de ses députés

À 16h, au cours d’une plénière, le congrès adoptait quelques résolutions et apprenait le résultat du vote de confiance (92,5% en faveur de M. Lisée).

L’humoriste François Parenteau (et Chafiik au synthétiseur)
Daran, Alexandre Belliard, Jorane et Jean-Martin Aussant

De 20h30 à 22h, les congressistes eurent droit à un concert privé au Club Soda mettant en vedette les artistes ci-dessus (de même que Salomé Leclerc, hors-champ). On remarquera, au synthétiseur, l’économiste Jean-Martin Aussant, fondateur d’Option nationale.

La troisième journée

De 8h45 à midi, l’ensemble des congressistes adoptait le gros des résolutions priorisées par les ateliers. Ce travail se poursuivait en après-midi jusqu’à 16h30.

Le tout se terminait vers 17h.

Conclusion

Le Parti Québécois compte environ 80 000 membres. C’est plus que tous les autres partis politiques du Québec réunis. Étendu à toutes les couches sociales et à toutes les régions du Québec, ce nombre de membres fait en sorte que ce parti est branché sur la réalité québécoise.

Son volumineux cahier de résolutions est la somme des solutions souhaitées par toutes les composantes de la société québécoise afin de résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés.

Pour le Montréalais que je suis, c’est une occasion unique de me débarrasser de mes préjugés et de découvrir toutes les facettes de la nation à laquelle j’appartiens.

Comme chacun des représentants de ma circonscription, mon seul engagement est d’appuyer les propositions issues de cette circonscription. Quant au reste — soit l’immense majorité des propositions — chacun est libre de voter comme il l’entend.

Et pour quelqu’un qui semble avoir une idée arrêtée sur tout, il m’est arrivé souvent de changer d’idée en entendant des intervenants qui me faisaient voir un aspect de choses auquel je n’avais pas songé.

Bref, ce fut pour moi une expérience très enrichissante.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 (la 2e photo) + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14 (1re photo) et M.Zuiko 25 mm F/1,2 (les autres photos)
1re photo : 1/125 sec. — F/4,0 — ISO 6400 — 190 mm
2e  photo : 1/200 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 95 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/2,2 — ISO 1250 — 25 mm
4e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 320 — 25 mm

5 commentaires

| 2014-2018 (années Couillard), Politique québécoise | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le désert, les baleines et la jungle

8 septembre 2017

Le lac Tchad est situé à la frontière du Tchad, du Cameroun, du Nigéria et du Niger. D’une superficie de 1 540 km² durant la saison sèche, il est tout ce qui reste d’une mer intérieure appelée mer paléotchadienne.

Durant les périodes postglaciaires, le Sahara était couvert de végétation. La mer paléotchadienne couvrait alors deux-millions de km², soit dix fois la taille actuelle des Grands Lacs de l’Amérique du Nord.

Au fur et à mesure de son assèchement, le lit de cette mer accumulera les sédiments de poissons et de plantes aquatiques, particulièrement dans une formation géologique appelée dépression du Bodélé, grande de 24 000 km² et située au nord-est du lac Tchad actuel.

À vol d’oiseau, la dépression du Bodélé est une grande tache blanche allongée. Sa couleur lui vient de ses sédiments riches en phosphore.

Friables, ceux-ci sont soulevés par les grandes tempêtes de sable du Sahara qui font rage, toujours vers l’ouest, une centaine de jours par année.

Le vent y soulève 120 millions de tonnes de poussière par année, soit le cinquième du total mondial.

Or cette poussière est extrêmement importante.

Portée par les vents, une grande partie atteint le bassin amazonien en dix jours. Son phosphore contribue de façon majeure à la fertilisation de l’Amazonie.

Au cours de ce voyage, ce qui tombe dans l’Atlantique est une source alimentaire majeure du phytoplancton. Or celui-ci produit la moitié de l’oxygène terrestre, en plus de constituer la base alimentaire du krill, essentiel à de nombreux poissons et aux baleines à fanons.

Comme tout se tient…

Références :
Dépression du Bodélé
Lac Tchad
Phytoplancton
Pauchet B. Poussière de poisson. Quatre-Temps 2016; vol. 40 no 2: 55.

Laissez un commentaire »

| Environnement | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le pluriel des nombres

7 septembre 2017
Siège de l’Académie française

L’expression d’une quantité

Si je vous dis que j’ai cent huit onces de jus en réserve, s’agit-il de cent formats de huit onces (qui font 800 onces) ou d’un format de 108 onces ?

Avec la nouvelle orthographe, c’est simple; on met un trait d’union entre tous les éléments d’un nombre écrit au long. On écrira donc cent-huit onces pour 108 onces.

Pour ce qui est du pluriel, dans les petits nombres, seuls vingt et cent sont parfois mis au pluriel.

La raison est simple; dix-sept n’est pas 10 fois 7 alors que quatre-vingts est 4 fois 20. Voilà pourquoi quatre-vingts est au pluriel.

Tout aussi logiquement, on écrira les quatre saisons et les douze mois de l’année (où quatre et douze sont au singulier). Pourquoi ? Parce que ce sont les saisons et les mois qui sont nombreux et non les chiffres 4 et 12.

À la différence d’un nombre, l’adjectif dont il est tiré se conjugue au pluriel. On parlera donc des cinquièmes Jeux olympiques et des quatre (au singulier) Jeux qui les ont précédé.

Dans les cas de vingt et de cent, ils s’accordent au pluriel seulement lorsqu’ils sont placés à la fin du nombre écrit au long. Par exemple, on écrira quatre-vingts et quatre-vingt-cinq.

Même chose pour 100. On écrira deux-cents et deux-cent-trois.

Quant à l’objet dénombré, on ne le met au pluriel qu’à partir de deux. Le médecin écrira à son patient de prendre 1,5 comprimé le matin et deux comprimés au coucher.

En anglais, le pluriel de l’objet s’applique au-delà d’un. Ce même médecin dira à un patient anglophone de prendre 1 tablet in the morning and 1,5 tablets at night.

L’expression d’un rang

Il arrive qu’un chiffre n’exprime pas une quantité mais le rang d’un objet à l’intérieur d’un ensemble.

Un livre peut avoir quatre-cents pages. Mais si je me trouve à la page 300, ce nombre n’exprime pas une quantité, mais un rang; c’est la 300e page. On écrira donc qu’il s’agit de la page trois-cent.

De la même manière, l’adresse civique indique l’ordre des maisons le long d’une rue. Le 80 de la rue Principale n’est pas un complexe immobilier formé de quatre copies de la maison située au 20 de la même rue. On écrira donc : Le Quatre-vingt (au singulier) de la rue Principale.

Même chose pour les années. L’an mille-neuf-cent est la 1900e année de notre ère. Voilà pourquoi le cent final y est au singulier.

Bref, lorsque le nombre exprime un rang, il est toujours invariable.

Mille, millions et milliards

Jusqu’à maintenant, c’est peut-être un peu compliqué, mais c’est logique.

Dépassé 999, c’est différent.

Mille est invariable pour des raisons historiques. En vieux français, mille était déjà le pluriel de mil.

On écrivait alors : « Jeanne-d’Arc est née en mil quatre cent douze » et « La dote de la reine était de deux mille écus.»

De nos jours, cette distinction a disparu. Même dans le cas des années, on peut écrire indistinctement mil-quatre-cent-douze ou mille-quatre-cent-douze à la place de 1412. Mais on ne peut écrire que deux-mille-dix-sept (jamais deux-mil-dix-sept).

Alors pourquoi donc avoir tenu à respecter cette vieille tradition alors qu’il aurait été si simple de faire en sorte que 1 000 obéisse aux même règles que 100 et 20 ?

Mystère…

Millions et milliards sont deux autres exceptions.

Ils prennent le pluriel non seulement lorsqu’ils sont placés à la fin du nombre (ex.: deux-millions d’électeurs) mais également lorsqu’ils se trouvent à l’intérieur du nombre écrit au long (ex.: deux-millions-trente dollars).

Je sais, ce n’est pas très logique, mais c’est comme ça.

Références :
Pourquoi mille est-il invariable?
Trait d’union et numéraux

Sur le même sujet : Le pluriel des couleurs

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/640 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm


Pour consulter les textes de ce blogue consacrés à la grammaire et à l’orthographe, veuillez cliquer sur ceci.

Laissez un commentaire »

| Grammaire et orthographe | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La nouvelle armée russe

6 septembre 2017

Depuis Staline, l’armée russe possède la réputation de ne pas faire dans la dentelle. L’invasion russe en Pologne, en 1939, en est un exemple éloquent.

Mais peut-on comparer Staline à Poutine ?

Ruinée par la guerre en Afghanistan, l’URSS se disloque en 1991.

Le budget militaire russe passe de 246 milliards$ en 1988 à 14 milliards$ en 1994 — une chute de 94% en six ans — tandis que les effectifs militaires sont réduits de 80%.

Logés inconfortablement, alimentés médiocrement, les soldats reçoivent une solde de misère. À titre d’exemple, lors de l’enquête sur le naufrage en 2000 du sous-marin nucléaire Koursk — un des plus perfectionnés de la marine russe — on a appris que son commandant gagnait l’équivalent de… 60$US par semaine.

Depuis 2008, la Russie s’est lancée dans un vaste programme de réarmement. À son achèvement en 2020, ce programme aura couté 700 milliards$.

Cet investissement se fait déjà sentir.

Les effectifs russes ont triplé à 3 150 000 soldats, appuyés par deux-millions de réservistes. Pour 2015, le budget de la Défense est de 94 milliards$.

Si le conflit ethnique qui divise les Ukrainiens a fait plus de dix-mille morts, l’annexion proprement dite de la Crimée par la Russie ne s’est soldée que par six morts et très peu de pertes matérielles. Rares, dans l’histoire, ont été les annexions territoriales aussi peu meurtrières.

La brève intervention directe de la Russie en Syrie à l’automne 2015 a provoqué un renversement dans un conflit qui stagnait depuis des années. Et ce, à un cout relativement bas.

Quant aux pertes civiles syriennes, décriées par la presse occidentale, elles sont comparables aux ‘dommages collatéraux’ occasionnés par les milices appuyées par les États-Unis lors de la reconquête de Mossoul et de Raqqa (pertes dont a beaucoup moins parlé).

Depuis la modernisation de l’armée russe, si on fait le bilan des pertes humaines (civiles et militaires) occasionnées par la déstabilisation des États étrangers et les pertes directement causées par les armées russes et américaines, on arrive à ce qui suit (approximativement).

Interventions russes :
• en Géorgie (2008) : 553 morts
• en Ukraine (depuis 2014) : 10 000 morts
• en Syrie (depuis 2015) : 2 000 morts

Interventions occidentales :
• en Libye (2011) : inconnu
• en Irak : inconnu depuis 2008
• en Syrie (depuis 2011) : entre 331 765 et 475 000 morts.

Cinq à dix fois moins puissante que l’armée américaine, la nouvelle armée russe — parce que moins interventionniste que ses rivales — a causé trente fois moins de morts que les armées occidentales depuis 2008.

Références :
Copel É. L’armée russe sous Choïgou. La Revue 2016; no 65-6: 41.
Crise de Crimée
Deuxième guerre d’Ossétie du Sud
Forces armées de la Fédération de Russie
Guerre du Donbass
Intervention militaire de la Russie en Syrie
L’éclipse russe de la Syrie

Laissez un commentaire »

| Géopolitique | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel