Le mensonge des statistiques

10 novembre 2016

Ceux qui ont cru les statistiques qui prédisaient la victoire de Mme Clinton à l’issue du scrutin américain ne sont pas au bout de leurs peines.

Ce que je lis à pleines pages des grands quotidiens ce matin, c’est le mépris généralisé de gens qui espéraient la victoire de Mme Clinton et qui imputent sa défaite-surprise au vote d’imbéciles, sans toutefois le dire de cette manière.

Le plus sérieusement du monde, ces éditorialistes écrivent que l’élection de Trump est le résultat du ressac des électeurs blancs qui sentent leur suprématie menacée par la croissance démographique des autres groupes ethniques du pays. Ce qu’on appelle le Whitelash.

C’est l’équivalent de la déclaration malheureuse d’un ex-premier ministre québécois un soir de défaite référendaire. Remplacez ‘vote ethnique’ par ‘vote raciste’ et c’est pareil.

Trump a été élu par 47,5% des électeurs. Peut-on croire un seul instant que les suprémacistes blancs forment près de la moitié de la population américaine ? C’est pourtant ce que suggèrent ces journalistes.

De leur côté, les éditorialistes féministes accuseront les mâles blancs — encore eux — d’avoir voté contre Mme Clinton en raison de leur misogynie plus ou moins consciente. Pourtant, les femmes blanches ont voté majoritairement (à 53%) pour Trump. Doit-on en déduire que même les femmes blanches sont misogynes ?

À l’opposé, les femmes noires ont voté majoritairement contre Trump à cause de ses propos racistes plutôt qu’en raison de sa misogynie. Les femmes noires en ont vu d’autres; les propos dégradants de Trump à l’égard des femmes ne se distinguent pas vraiment de ceux qu’on entend de rappeurs noirs très populaires.

La vérité est que l’Amérique profonde a voté pour Trump et les régions côtières, ouvertes à l’immigration, ont voté majoritairement pour Clinton.

Le résultat, c’est que Mme Clinton a obtenu 47,7% des votes et M. Trump, 47,5% (moins qu’elle).

La majorité de Mme Clinton aurait été plus grande si les jeunes aptes à voter s’étaient acquittés de leurs devoirs civiques. Mais ils sont trop paresseux pour faire la file pour aller voter.

Si Mme Clinton, majoritaire, n’est pas présidente des États-Unis, c’est à cause du Collège électoral. Celui-ci est le verrou mis en place au XVIIIe siècle par les élites révolutionnaires pour se protéger, en cas de besoin, de l’immaturité politique du peuple américain (dans lequel ils n’avaient pas confiance).

Paru depuis :
Élection de Trump: la colère d’un grand électeur (2016-11-14)

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Écrit par Jean-Pierre Martel