Les chauvesouris et la démangeaison mortelle

27 avril 2015
Sérotine boréale

Selon une étude réalisée en 1998 par l’université de Floride, une chauvesouris peut consommer 850 insectes durant ses quatre heures d’activité quotidienne, le soir ou la nuit.

Même s’ils volent, les chauvesouris ne sont pas des oiseaux; ce sont des mammifères.

Si les chauvesouris ne sont actives que le soir ou la nuit, c’est que leur vol — d’une grande vivacité — provoque une très forte dépense énergétique. Leur corps étant poilu, seules leurs ailes peuvent dissiper efficacement cette chaleur. Mais le jour, ce mécanisme est contré par le fait que ces ailes, étant sombres, absorbent facilement la chaleur du soleil, provoquant une surchauffe calorique.

Après les rongeurs, les chauvesouris sont les mammifères qui comptent le plus d’espèces; on en compte près d’un millier de sortes à travers le monde.

Cuba en possède plus d’espèces que tout le reste du continent américain. Le Québec n’en a que huit :
• la Chauvesouris rousse (Lasiurus borealis)
• la Chauvesouris cendrée (Lasiurus cinereus)
• la Chauvesouris argentée (Lasionycteris noctivagans)
• la Chauvesouris pygmée (Myotis leibii)
• la Grande chauvesouris brune (Eptesicus fuscus)
• la Petite chauvesouris brune (Myotis lucifugus)
• la Chauvesouris nordique (Myotis septentrionalis)
• la Pisterelle de l’Est (Perimyotis subflavus)

Les trois premières migrent l’hiver vers le Sud alors que les cinq autres hibernent chez nous.

Celles qui hibernent le font dans leur gîte d’hiver, souvent différent de leur gîte d’été. Ce gîte d’hiver est une cavité sombre sans courant d’air afin de maintenir l’humidité et la température stable. Ce sont des grottes et des mines abandonnées.

La pulsation cardiaque descend alors à moins d’un battement par minute. Leur température corporelle s’abaisse entre 3 et 6 degrés Celsius. Soumis à des courants d’air, les chauvesouris mourraient alors d’hyperthermie.

Depuis quelques années, un nouveau péril les guette : le syndrome du museau blanc. Depuis 2006, cette infection fongique a tué plus de six millions de chauvesouris en Amérique du Nord.

Cette infection est causée par un champignon microscopique dont la prolifération est favorisée par l’humidité qui règne dans les sites d’hibernation des chauvesouris.

Elle s’attaque à la partie nue de leur corps, soit le museau, les pattes et les ailes. La démangeaison qu’elle provoque réveille l’animal qui doit alors faire grimper sa température corporelle de 3 à 32 degrés afin de se gratter. Ces réveils successifs épuisent les réserves caloriques sur lesquels il comptait pour traverser les 200 jours d’hibernation et se rendre jusqu’au printemps.

Les trois dernières espèces de la liste ci-dessus en sont le plus affectées. Leur nombre a diminué de plus de 94%.

La Grande chauvesouris brune, de constitution plus robuste, est décimée dans l’ordre de seulement 30 à 40%.

On estime cette maladie a coûté d’importantes pertes économiques aux producteurs américains de maïs et de coton, obligés d’utiliser plus d’insecticides en raison de la diminution du nombre de chauvesouris.

Références :
Chauves-souris menacées
Chiroptera
Syndrome du nez blanc

Paru depuis : La chauve-souris se meurt au Québec (2015-07-27)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 32 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel