« Opération avant l’aube » au Cinéplex StarCité : une expérience assourdissante !

14 janvier 2013

Opération avant l'aubeJ’avais essayé de voir ce film avant-hier. Après avoir écouté les aperçus d’autres films en me bouchant les oreilles, il m’avait suffi d’entendre le début de celui-ci — qui commence par une scène de torture — pour me convaincre que je n’allais certainement pas passer 157 minutes à me faire crier dessus.

J’étais donc sorti après cinq minutes de projection et avais obtenu sans difficulté le remboursement de mon billet.

Après avoir installé l’application « Volume Meter » son mon iPad, je suis revenu à ce cinéma le lendemain, après m’être bouché les oreilles avec des protecteurs auditifs de marque Ohropax et m’être installé au dernier rang de la salle.

Je présume que le volume sonore aux salles Cinéplex est ajusté de manière à permettre aux amateurs de maïs soufflé d’apprécier leur collation favorite sans rien manquer du film.

De plus, qu’y a-t-il de plus détestable qu’un vieux sourd qui passe son temps à demander à son épouse : « Qu’est-ce qu’i’dit ? ». Aux cinémas Cinéplex, cela n’arrive jamais. Vous avez oublié vos prothèses auditives ? Ce n’est pas grave.

Au juge qui vous demande : « Mais enfin, vous étiez bien à côté de la victime au moment du meurtre, n’est-ce pas ? » « Oh, c’est possible : vous savez, il faisait très noir…»

Tableau des intensités sonores
 20 db Seuil de l’ouïe
 30 db À peine audible
 40 db Soupirs
 50 db Conversation paisible
 60 db Conversation normale
 70 db Conversation forte
 80 db Dommages auditifs à long terme
 90 db Dommages auditifs légers après 8h
100 db Dommages auditifs sérieux après 8h
110 db Dommages auditifs sérieux après 1h
120 db Seuil instantané de la douleur
130 db À 100m d’un avion à réaction
150 db Rupture du tympan

Au cours du film « Opération avant l’aube », dans la dernière rangée, l’intensité sonore varie de 38,4 décibels à 89,5 décibels, avec des pics fréquents bien au-delà.

L’éditeur de « Volume Meter » déclare qu’au-delà de 120 db, on devrait mesurer le son à l’aide d’un micro indépendant. Mesuré avec le micro interne de l’iPad (ce qui n’est donc pas fiable), l’intensité maximale mesurée par l’application est de 205,7 db : cela est impossible puisque si cela était le cas, tous les spectateurs seraient sortis de la salle les tympans perforés.

Ce qui est certain, c’est qu’on ne devrait pas aller voir ce film aux cinémas Cinéplex sans bouchons auditifs, au cas où la situation observée au StarCité découle d’une pratique générale dans toutes les salles de cette chaine de cinémas. Dans ce cas-ci, seules les dix dernières minutes du film s’écoutent normalement (c’est-à-dire sans bouchons).

Mais qu’en est-il du film ?

J’avoue que je m’attendais à un ramassis de clichés hollywoodiens. Or ce n’est pas le cas. Les dialogues sont plausibles. Il n’y a aucune intrigue amoureuse (à la Titanic). Le développement de l’histoire est près de la réalité historique. Et la fin — que je ne vous révèlerai pas — n’est pas celle (triomphante et tapageuse) à laquelle je m’attendais.

Si vous avez lu le compte-rendu de la traque de Ben Laden publié en mai 2011 sur ce blogue, ce film ne vous apprendra pas grand-chose. Mais si ce n’est pas le cas, ce film est un divertissement bien fait. S’il vous intéresse, je vous suggère d’attendre sa sortie en DVD ou Blu-Ray : vous pourrez l’écouter au niveau sonore qui vous convient.
 
Appréciation du film

À mon avis, la cinéaste et son scénariste ont fait un travail honnête. On ne peut pas parler de la traque de Ben Laden en évitant le sujet controversé de la torture puisqu’elle a effectivement été utilisée.

Toutefois, on y montre bien les réponses contradictoires et incohérentes du supplicié. Parce que justement, c’est là la lacune principale de la torture : elle permet d’obtenir une grande quantité d’informations de faible valeur, impossibles à départager de la vérité. Le supplicié dit n’importe quoi pour qu’elle cesse.

La traque de Ben Laden n’allait nulle part tant qu’on ne comptait que sur les interrogatoires violents et les traitements qui ont conduit officiellement certains prisonniers au suicide. Dans les faits, on soupçonne que certains prisonniers sont décédés au cours d’interrogatoires.

Cette traque a véritablement démarré lorsqu’on a finalement trouvé un témoin coopératif. C’est ce que filme montre (trop) subtilement, sans doute pour ne pas affronter la puissante machine de propagande républicaine, qui défend bec et ongles la nécessité de la torture.

Le mérite de ce film est de rappeler au grand public les crimes de guerre commis par l’administration Bush au nom de la sécurité nationale. Il s’agit d’un sujet délicat puisque certains politiciens américains (dont G.W. Bush lui-même) ne peuvent plus voyager dans certains pays européens sans risquer d’y être arrêtés pour avoir violé le droit international à ce sujet.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La délocalisation de Depardieu Inc.

13 janvier 2013

Introduction

Afin d’échapper à un impôt spécial sur les fortunes françaises, l’acteur Gérard Depardieu est récemment devenu citoyen russe. Afin que cette opération soit fiscalement réussie, l’acteur compte abandonner la citoyenneté de son pays d’origine, ce qui ne semble pas encore avoir été fait au moment où ces lignes sont écrites.

De la même manière qu’une entreprise peut décider de transférer sa production là où ses coûts sont moindres, l’acteur s’est donc « délocalisé » hors de France.

Mais une délocalisation est beaucoup plus qu’une simple question de fiscalité. À titre d’exemple, tous les fourreurs montréalais qui ont délocalisé leur production en Asie ont fait faillite parce que les employés qu’ils ont embauchés là-bas n’avaient pas le savoir-faire nécessaire, très différent de la simple couture du cuir. Le remboursement des manteaux de fourrure déchirés a eu raison de la rentabilité de ces entreprises.

En plus du taux d’imposition, d’autres facteurs doivent donc être pris en considération.

L’analyse préparatoire

Le transfert de production est toujours le résultat ultime d’un long processus. Bien avant la prise de décision de délocaliser, l’entreprise procède à une analyse qui vise à tenir compte de toute une série de facteurs qui vont des coûts de la main d’œuvre, des droits des employés, de la bureaucratie, des frais de transports, des douanes à débourser pour accéder aux marchés d’exportation, etc.

De plus, avant de s’y établir, on contactera des avocats spécialisés afin de connaître les lois et règlements susceptibles d’affecter la compagnie et on rencontrera les décideurs publics afin de juger s’ils voient d’un bon œil l’implantation de l’entreprise chez eux.

La délocalisation de Depardieu se distingue par sa précipitation et sa médiatisation.

L’or, l’encens et la myrrhe

En Chine, les promoteurs de tours d’habitation prennent le soin d’offrir gratuitement quelques-uns des appartements les mieux situés aux dirigeants politiques locaux afin d’être dans leurs bonnes grâces. Ces promoteurs bénéficieront alors de tout l’appareil répressif de l’État contre ceux qui résisteront à la destruction des maisons traditionnelles de leur quartier pour faire place à ces nouveaux appartements de luxe.

Le cadeau de l’acteur Depardieu au régime de Vladimir Poutine, c’est sa crédibilité de vedette internationale et cette lettre aux médias russes dans laquelle il déclare que la Russie est une grande démocratie. Précisons que cet hommage est suivi d’une phrase ambigüe dans laquelle M. Depardieu semble déplorer le règne de la pensée unique dans son nouveau pays, un euphémisme qui pourrait lui valoir ultérieurement quelques demandes de précision de la part des autorités russes.

La précipitation

L’acteur a d’abord caressé le projet d’émigrer en Belgique puis, rebuté par les hésitations administratives, s’est empressé d’accepté la citoyenneté russe, obtenue par décret présidentiel. Tout cela s’est fait en quelques semaines.

La spontanéité de l’acteur l’a déjà desservi dans le passé. Pressenti pour un Oscar en 1991, celui-ci avait compromis sa carrière américaine en révélant au New York Times avoir participé à un viol à l’âge de neuf ans, une chose normale dans l’apprentissage de la vie, selon lui.

Catégoriquement niés par la suite, ses propos lui avaient fermé automatiquement les portes de tous les studios américains.

Gérard Depardieu est un des acteurs les mieux payés du cinéma français. Ses honoraires ne se justifient pas seulement en raison de son talent incontestable : les acteurs français talentueux se comptent par légions. On le paie cher parce qu’il attire les foules. Son nom sur la marquise d’un cinéma ou sur une affiche de film garantit des recettes importantes pour les exploitants. C’est pour cela qu’on le paie plus qu’un autre.

La médiatisation

Il y a plus d’une décennie, j’avais été scandalisé de lire une déclaration du chef d’orchestre Philippe Herreweghe, spécialisé à l’époque dans la musique baroque. Celui-ci protestait alors contre les pouvoirs publics français qui assortissaient leurs subventions à l’obligation de sortir des sentiers battus et de programmer des œuvres de compositeurs français moins connus, indignes de son génie d’interprète. J’avais été tellement choqué par la vanité de ce chef que je n’ai plus jamais acheté de ses enregistrements.

Quelle est la proportion des admirateurs de Gérard Depardieu qui se mettront à détester l’acteur autant qu’ils l’ont aimé, comme cette épouse aimante qui se déchaine après avoir été trompée ?

Ce revirement possible est favorisé par la médiatisation de cette affaire. Lorsqu’une entreprise délocalise, elle essaie de le faire le plus discrètement possible. On offrira des primes de départ aux employés, une formation pour les aider à se trouver un nouvel emploi, etc. Et cette générosité sera d’autant plus importante que les employés congédiés sont plus aptes à susciter un capital de sympathie dans la clientèle de l’entreprise. En effet, qu’est-ce ça donne de réduire ses coûts de production si plus personne ne veut plus acheter ses produits ?

Conclusion

« Malheur à celui par qui le scandale arrive » dit l’évangile selon saint Luc. Dans le cas de la chanteuse Madonna, cette prédiction ne s’est pas réalisée. Quel sera l’impact de cette controverse sur la carrière de Depardieu, il est trop tôt pour le savoir.

Dans ce cas-ci, je crains qu’il n’ait pas bien calculé l’impact économique de sa décision qui va beaucoup plus loin qu’une simple question de fiscalité. Qu’arriverait-il si le soutient de l’État français aux entreprises culturelles devait s’avérer hésitant dès que le nom du célèbre expatrié devait figurer en vedette dans un projet qui leur est soumis ? N’y a-t-il pas danger que les sombres prédictions de l’évangéliste se réalisent ?

Pour n’importe quelle entreprise, la délocalisation est d’autant plus facile qu’on doit rien au pays qu’on quitte. Autrement, tout exil est un calcul risqué. Je crainds que l’acteur russe ne l’apprenne à ses dépens.

Références :
Depardieu : «J’aime Poutine, la Russie et sa démocratie»
Depardieu, nouveau membre de la nomenklatura russe
Depardieu obtient la citoyenneté russe sur ordre de Poutine
Gerard Depardieu, miroir des Français
Le ridicule
Lettre – L’affaire Depardieu?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Un Cymbidium

12 janvier 2013
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Les Cymbidiums sont un genre d’orchidées originaires de l’Himalaya, de Chine, du Japon, ainsi que des zones tropicales asiatiques. Ils font partie des orchidées les plus populaires en raison de leur culture facile et de leur floraison qui peut durer plus de trois mois.

Ce genre comprend de nombreuses espèces, dont celle-ci, qui m’a plu en raison de la sensualité de ses tons de jaune et de mauve.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 60mm Macro F/2.8 — 1/125 sec. — F/10 — ISO 2000 — 60 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Droit dans les yeux

11 janvier 2013
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Le billet d’admission au Jardin botanique de Montréal permet d’aller également à l’Insectarium.

Hier après-midi, je me suis amusé à faire l’essai d’un objectif destiné, entre autres, à la macrophotographie.

Dans ce cas-ci, afin d’obtenir la plus grande profondeur de champ, j’ai fixé l’ouverture du diaphragme à F/11, ce qui a eu pour effet de faire grimper l’ISO à 6400.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 60mm Macro F/2,8 — 1/60 sec. — F/11 — ISO 6400 — 60 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le temps de l’homme de Cro-Magnon

10 janvier 2013

Dans une entrevue publiée ce matin dans le Devoir, le nouveau député libéral de la conscription de LaFontaine et porte-parole de l’opposition officielle pour la Charte de la langue française qualifie de « Cro-Magnons », les participants à l’émeute de Victoriaville.

Ses propos exacts sont : « On peut ne pas être d’accord (avec nous), mais on ne justifiera jamais le fait de commencer à lancer des roches. Je veux dire : on ne retournera pas au temps des Cro-Magnons.»

Je ne ferai pas ici l’apologie de la violence, en particulier celle, excessive, qui a consisté à utiliser des armes à mortalité réduite pour mater cette révolte.

J’inviterais le député de LaFontaine à se demander comment creux il est prêt à aller pour faire respecter sa conception de la loi et de l’ordre ?

Lorsqu’on tient compte du taux de participation (57,4% en 2008 et 74,6% en 2012), le Parti libéral avait formé un gouvernement majoritaire avec l’appui de 24,6% des personnes aptes à voter, alors que le Parti québécois forme maintenant un gouvernement minoritaire grâce à 23,8% de la population adulte.

Le réalisme politique le plus élémentaire, c’est que lorsqu’on bénéficie d’assises populaires aussi faibles, on évite de déchainer les pouvoirs répressifs de l’État lorsqu’une mesure, même justifiée, rencontre une vive opposition. En somme, on recule, comme le fait si bien le gouvernement péquiste actuel.

C’est une grave erreur de jugement de que chercher à provoquer le chaos social dans l’espoir d’en retirer des gains politiques. Malheureusement, c’est la stratégie qu’avait choisie le Parti libéral et j’ai peine à imaginer à quoi ressemblerait l’actualité si ce parti avait été réélu.

Grâce au ciel, le régime autoritaire de M. Charest nous semble aujourd’hui aussi loin que la préhistoire à laquelle fait allusion le jeune député de LaFontaine…

Références :
Le gouvernement à l’essai
Qui sont les nouveaux élus? – Le rêve d’un petit garçon qui se réalise
Tirs de balles de plastique : attend-on de tuer quelqu’un ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le déclin d’Air France

9 janvier 2013

Du 29 septembre au 7 octobre 2005, à l’occasion d’une grève des bagagistes de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, des milliers de voyageurs qui transitaient par Paris sur les ailes d’Air France arrivèrent à leur destination finale respective, un peu partout à travers le monde, privés de tout bagage. On estime qu’environ 100 000 bagages avaient ainsi été retenus à Paris au cours de cette grève d’une dizaine de jours.

Par crainte de provoquer des annulations, la direction d’Air France avait choisi de cacher l’existence de cet arrêt de travail à plus de 50 000 de ses clients qui en ont été victimes.

Cette compagnie aérienne avait pourtant les adresses civique et électronique, de même que les numéros de téléphone de chacun d’entre eux. Personne n’a tenté de les prévenir; les préposés qui s’occupaient d’attribuer les sièges aux aéroports, les agents de bord et tous les autres employés de cette compagnie avaient pour directive expresse de taire l’existence de ce conflit de travail et de rassurer la clientèle.

À destination, aux longues files d’attente de ses comptoirs d’objets perdus, Air France niait sa responsabilité — en violation flagrante des dispositions de la Convention de Varsovie — et ne proposait aux clients lésés qu’un programme de remboursement d’achats d’articles de première nécessité (brosse à dent, pâte dentifrice, etc.) représentant pour elle des déboursés de quelques euros par personne.

Bref, à cette occasion, Air France s’est comportée comme un voyou corporatif.

On peut lire ce matin dans Le Devoir que, lasse de son déclin commercial, Air France a décidé d’offrir des prix cassés et des options payantes.

Après avoir leurré et lésé des dizaines de milliers de personnes (en somme, après avoir sapé sa propre clientèle), Air France recueille aujourd’hui ce qu’elle a semé : un déclin de sa part du marché. Elle l’a bien mérité.

Je crains fort qu’elle soit en train d’apprendre cette dure leçon du monde des affaires : il est beaucoup plus facile de perdre des clients que d’en gagner de nouveaux…

Détails de cette affaire : Air France, voyou corporatif (Texte plutôt long)

Paru depuis : Air France-KLM a perdu 1,49 milliard $US en 2012 (2013-02-23)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Paphiopedilum

8 janvier 2013
Orchidée « Paphiopedilum Buchanianum G.»

Les Paphiopedilums sont un genre d’orchidées originaires d’Asie tropicale dont les fleurs se caractérisent par cette poche ventrale qui ressemble à un sabot ou à une pantoufle.

Le rôle de cette poche est de capturer des insectes; ceux qui s’en sortiront en grimpant par l’arrière de cette poche viendront polliniser la fleur.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 60mm Macro F/2.8 — 1/125 sec. — F/4,5 — ISO 2500 — 60 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Du rouge en janvier…

7 janvier 2013
Anthurium
Bourgeons du broméliacée « Tillandsia cyanea »
Vriesia

À l’époque où j’utilisais un Panasonic GH1, mes fichiers bruts (RAW) étaient déchiffrés par Photoshop et sauvegardés sous forme de JPEGs.

Mais le rouge de ces photos était tellement saturé que les objets de cette couleur apparaissaient presque fluorescents sous Windows.

Depuis que j’utilise un OM-D e-m5 d’Olympus — l’appareil photo de l’année, selon les lecteurs de DPReview — je n’ai plus ce problème et je peux donc me vautrer dans le rouge…

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 60mm Macro F/2.8
1re photo : 1/160 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 60 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/11 — ISO 6400 — 60 mm
3e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 60 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’objectif M.Zuiko 60mm Macro

6 janvier 2013
L’objectif M.Zuiko 60mm F/2,8 Macro

Introduction

Destiné aux appareils photo m4/3, le M.Zuiko 60mm est un objectif à focale fixe qui peut servir à la fois comme téléobjectif et comme objectif macro. Son angle de vision est de 20 degrés, soit l’équivalent exact d’un objectif 120 mm en photographie argentique. Relativement léger (185g), cet objectif est remarquable à plusieurs points de vue.

Du diaphragme grand ouvert (F/2,8) jusqu’à F/11, cet objectif est d’une netteté ahurissante. C’est le cas non seulement au centre — ce qui est une qualité de tout bon objectif — mais de bord en bord, ce qui est plus rare. On peut donc numériser un document simplement en le photographiant; on obtient alors la même netteté qu’avec un numériseur plat.

Exemple de netteté du sujet (cliquer pour agrandir)

Toutefois, puisque ce téléobjectif n’est pas stabilisé, on pourra l’utiliser à main levée sur des appareils photo d’Olympus et sur les rares appareils de Panasonic dotés d’un stabilisateur d’image interne. Autrement, on ne devraient utiliser cet objectif que lorsque leur appareil est monté sur un trépied ou seulement lorsque la vitesse d’obturation est telle que cela n’a plus d’importance.

Le sélecteur de plage de distance

Afin de faciliter la mise au point, l’objectif possède sur le côté un bouton sélecteur de plage de distance.

On peut choisir une plage appuyant sur le dessus du bouton sélecteur avec le pouce et en tournant. Mais on peut également profiter de la légère dépression de la surface de l’objectif à gauche du bouton (ce qui le met en relief), et le tourner en poussant sur son pourtour dentelé.

De « 0.4m à l’infini »

On choisit cette plage de distance lorsqu’on utilise cet objectif comme un téléobjectif ordinaire. La mise au point est relativement rapide : elle se fait sur tout objet situé à plus de 40 cm.

Une des grandes qualités de cet objectif est l’aspect crémeux de son bokeh (qu’on prononce « beau quai »). Le bokeh est le flou d’arrière-plan d’une photographie qui permet de détacher le sujet de son environnement.

Exemple de bokeh obtenu à l’aide du M.Zuiko 60mm Macro

À moins que le sujet soit très éloigné, le M.Zuiko 60mm produit toujours des arrière-plans flous en raison de la faible profondeur de champ des photos qu’il prend. Cette profondeur de champ varie selon l’ouverture du diaphragme et la distance du sujet.

Tableau des profondeurs de champ selon la distance et l’ouverture du diaphragme

Distance du sujet Minimum Maximum Profondeur
40 cm (à F/2,8) 39,8 cm 40,2 cm 0,3 cm
40 cm (à F/11) 39,4 cm 40,7 cm 1,3 cm
1 mètre (à F/2,8) 98,9 cm 101,1 cm 2,2 cm
1 mètre (à F/11) 95,8 cm 104,6 cm 8,9 cm
2 mètres (à F/2,8) 195,5 cm 204,7 cm 9,2 cm
2 mètres (à F/11) 183,2 cm 220,1 cm 36,9 cm

Ce tableau indique que lorsqu’un objet est situé à 40 cm (soit la distance minimale), la profondeur de champ est faible, variant de 0,3 à 1,3 cm selon l’ouverture du diaphragme. En réalité, à cette distance, la profondeur peut aller jusqu’à 3 cm puisque le diaphragme peut se fermer jusqu’à F/22.

À F/2,8, l’hyperfocale est situé à 85 mètres : tout est alors au foyer de 42,4 mètres à l’infini. À F/11, on rapproche l’hyperfocale à 21,3 mètres, et tout est net au-delà de 10,65 mètres.

De « 0.19m à l’infini »

Lorsque cette plage de distance est choisie, l’objectif s’attend à ce le sujet puisse être situé quelque part, n’importe où dans toute l’étendue des distances où il peut faire la mise au point. Puisque cet écart est le plus vaste, la mise au point est plus lente.

Et si l’appareil photo bouge au moment précis où la mise au point devrait se faire sur le sujet, l’objectif rate sa cible, poursuit sa recherche et, n’ayant rien trouvé, revient sur ses pas jusqu’à ce qu’il réussisse à trouver quelque chose. Bref, ce mode est le plus lent. Je ne le conseille pas, à moins d’utiliser un trépied.

De « 0.19m à 0.4m »

Cette plage de distance est idéale pour la photographie rapproché (ou proxiphotographie). L’objectif sait à l’avance que le sujet à photographier est situé dans un écart assez restreint. La mise au point automatique est donc plus rapide.

Guichet du rapport de reproduction

Dès une mise au point, l’aiguille orange du guichet situé sur le dessus de l’objectif (photo ci-dessus) indique la distance du sujet au foyer et le rapport de reproduction, soit 1:1 si le sujet est à 19 cm, 1:2 si le sujet est à 23 cm, etc.

Le « 1:1 »

C’est le mode de la macrophotographie au sens restreint du terme, c’est-à-dire lorsque la taille de l’image du sujet sur le capteur correspond exactement à la taille réelle de ce sujet (d’où l’appellation « 1:1 »).

Lorsqu’on tourne le sélecteur à « 1:1 », celui-ci ne reste pas là mais revient automatiquement à « 0.19m à 0.4m ». On peut choisir de le mettre manuellement sur n’importe quelle autre plage de distance.

Il est à noter que la distance de mise au point est celle qui sépare le sujet du capteur (et non de l’extrémité avant de l’objectif). Compte tenu des dimensions de l’objectif (8,2 cm de longueur) et de l’espace entre le capteur et l’arrière de l’objectif (soit 2 cm), la mise au point en mode macro se fait lorsque le sujet est à 19 cm du capteur, ce qui signifie à 8,8 cm du devant de l’objectif.

Dès qu’on a choisi ce mode, la moindre modification de la mise au point fait en sorte qu’on cesse d’être en mode macro. Par exemple, si on tourne la bague striée de l’objectif, c’est foutu.

Voilà pourquoi l’appareil doit absolument être en mode manuel. Autrement, dès qu’on appuie sur le déclencheur, l’appareil tente automatiquement de faire une nouvelle mise au point — quelque part dans la plage de distance indiquée par le sélecteur — et cessera alors d’être en mode macro.

Mais que fait-on si on n’est pas satisfait de l’image qu’on voit dans le viseur ou sur l’écran arrière de l’appareil ? Il faut déplacer le sujet ou l’appareil. Il n’y a pas d’autre alternative.

Les étapes à suivre pour faire de la macrophotographie sont donc les suivantes :
— mettez votre appareil en mode manuel,
— donnez la priorité à l’ouverture du diaphragme,
— choisissez la profondeur de champ souhaitée en sélectionnant l’ouverture de diaphragme correspondante,
— tournez le sélecteur de plage de distance à « 1:1  »,
— effectuer la mise au point en approchant l’appareil du sujet ou l’inverse.

Tableau des profondeurs de champ en macrophotographie

Ouverture Minimum Maximum Profondeur
F/2,8 19,0 cm 19,0 cm 0,06 cm
F/4,0 19,0 cm 19,0 cm 0,08 cm
F/5,6 18,9 cm 19,1 cm 0,12 cm
F/8,0 18,9 cm 19,1 cm 0,16 cm
F/11,0 18,9 cm 19,1 cm 0,23 cm
F/16,0 18,8 cm 19,2 cm 0,33 cm
F/22,0 18,8 cm 19,2 cm 0,47 cm


 
La macrophotographie

Nous avons vu précédemment les résultats obtenus avec le M.Zuiko 60mm en tant que téléobjectif ordinaire. Mais comment se comporte-il en macrophotographie ?

Les deux photos ci-dessous représentent un gros plan d’une aile de papillon prise par le M.Zuiko 60 mm. Dans la première, publiée ici telle quelle, c’est-à-dire sans aucune amélioration, j’ai ajouté un rectangle rouge qui correspond à la partie de l’image qui est ‘zoomée’ à 100% dans la deuxième.

Aile d’un papillon
Détail de l’aile du papillon

Vous noterez que les écales de l’aile du papillon sur les côtés de l’image sont un peu floues. Ce n’est pas parce que l’objectif manque de netteté en périphérie : c’est simplement parce que j’ai centré la région de l’image la plus nette.

Et il suffit d’un rien pour qu’une partie du sujet ne soit pas au foyer, en raison de l’étroitesse de la profondeur de champ.

Afin de contourner cette difficulté, dans la photo ci-dessous, j’ai diminué l’ouverture du diaphragme à F/11 afin de maximiser la profondeur de champ, ce qui a eu pour effet de faire grimper l’ISO à 6400.

Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Un flash d’appoint ?

Lorsqu’on photographie de très près un sujet minuscule susceptible de bouger, une vitesse d’obturation rapide est nécessaire. De plus, la lumière qu’il réfléchit est souvent insuffisante à maintenir l’ISO bas. D’où l’intérêt d’utiliser un flash.

Ne comptez pas sur le flash intégré à votre appareil photo; en photographie rapprochée, l’objectif lui-même ferait de l’ombre au sujet.

Une première solution est d’utiliser un flash annulaire à DEL, habituellement vendu entre 60$ et 120$ (de 40 à 80 euros). Ces flashs viennent avec des bagues adaptatrices destinées à visser le flash à l’ouverture de votre objectif.

Aucun flash annulaire présentement sur le marché n’a de bague de 46 mm. Puisqu’ils ont tous des bagues de différents diamètres dont une de 52 mm, il suffit de vous procurer — pour environ 3$ ou 2 euros — une bague adaptatrice 46-52 (qu’on appelle en anglais 46 to 52 mm Step-up Ring) pour que votre flash annulaire s’adapte parfaitement au M.Zuiko 60mm.

Photographie rapprochée, à main levée, au flash annulaire

On peut également utiliser un flash traditionnel, couplé à un diffuseur de lumière. C’est ainsi que travaille le photographe australien Mark Berkery.

Conclusion

On aurait bien tort de considérer le M.Zuiko 60mm Macro comme un objectif qui n’est utile qu’en macrophotographie. En réalité, c’est un objectif remarquable par sa netteté et son bokeh crémeux lorsqu’on l’utilise en tant que téléobjectif ordinaire.

Toutefois, en mode macro, l’étroitesse de sa profondeur de champ — toujours moindre que cinq millimètres — le limite aux sujets où cela est souhaitable (en entomologie, c’est-à-dire dans l’étude des insectes, plutôt qu’en botanique, par exemple).

Pour terminer, le néophyte doit savoir que rater une photo est une chose normale en photographie très rapprochée… du moins lorsque le sujet est un être vivant incontrôlable.

À titre d’exemple, je rate plus de 90% de mes mes photos de papillon. Si les photos publiées sur ce blogue sont réussies, c’est qu’elles sont la crème de la crème parmi les milliers photos de papillon que j’ai prises.

Ceci étant dit, en obtenir d’aussi bonnes n’est pas compliqué. N’importe quel utilisateur du M.Zuiko 60mm Macro peut faire pareil; il lui suffit de s’armer d’un peu de patience. Les résultats assurés qu’il obtiendra récompenseront ses efforts.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs OM Zuiko 50 mm Macro F/3,5 (les 1re, 3e et 5e photos) et le M.Zuiko 60 mm Macro F/2,8 (les autres photos)
1re photo : 1/125 sec. — F/11,0 — ISO 500 — 50 mm
2e photo  : 1/125 sec. — F/4,5 — ISO 2500 — 60 mm
3e photo  : 1/80 sec. — F/11,0 — ISO 6400 — 50 mm
4e photo  : 1/160 sec. — F/5,6 — ISO 400 — 60 mm
5e photo  : 1/125 sec. — F/11,0 — ISO 4000 — 50 mm
6e photo  : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 3200 — 60 mm
7e photo  : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 3200 — 60 mm
8e photo  : 1/60 sec. — F/11,0 — ISO 6400 — 60 mm
9e photo  : 1/160 sec. — F/8,0 — ISO 200 — 60 mm

Autres textes relatifs à des objectifs photographiques :
La photo 3D avec l’Olympus OM-D e-m5
L’hypergone M.Zuiko 8 mm F/1,8
L’objectif M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 : premières impressions
L’association du M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 et du multiplicateur de focale MC-14 en proxiphotographie
Le Daguerreotype Achromat 64 mm F/2,9 Art Lens
L’objectif Helios 40-2 85 mm F/1,5 sur appareil m4/3

Complément de lecture : Les bagues-allonges

Pour voir tous les textes de ce blogue illustrés de photos réalisées avec cet objectif, veuillez cliquer sur ceci

88 commentaires

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Orchidées blanches

5 janvier 2013
Orchidée « Paphiopedilum Vestalia G. CCM/AOS»

C’est en regardant cette photo attentivement que je me suis rendu compte que les pétales de cette orchidée étaient translucides.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 60mm Macro F/2.8 — 1/250 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 60 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel