Le Conseil du statut de la femme se couvre de ridicule

Le 3 novembre 2010
© — Bandeau du site du Conseil du statut de la femme, au 2010/11/03

Hier l’Institut Simone de Beauvoir de l’Université Concordia accusait le Conseil du statut de la femme (CSF) de manquer de rigueur scientifique dans son opposition à la légalisation de la prostitution. Effectivement, le 29 septembre dernier, en réaction à un jugement de la Cour supérieure de l’Ontario, le CSF déclarait que « la prostitution représente la forme ultime de la violence faite aux femmes.»

Personne ne doute que ce métier puisse comporter des dangers mais comment peut-on soutenir sérieusement qu’il vaut mieux se faire poignarder et mourir vidée de son sang, qu’il vaut mieux être lapidée, ou qu’il vaut mieux être battue à mort, que de choisir d’exercer le métier de prostituée. C’est pourtant ce que soutient le CSF dans sa rhétorique ridicule.

Si, comme le soutient l’Institut Simone de Beauvoir, la littérature scientifique prouve que la répression policière empêche les prostituées de travailler dans un environnement sécuritaire, le CSF rend-il service à ces femmes-là en s’opposant à la légalisation de la prostitution ? Aveuglé peut-être par de nobles principes moraux, le CSF n’est-il pas ainsi le complice involontaire de la violence faite aux travailleuses du sexe ?

Sauf l’avant-dernière phrase du communiqué du CSF, il n’y a rien dans ce document qui est de nature à susciter l’adhésion générale. C’est un fouillis de phrases sans queue ni tête. Par exemple, « la prostitution n’est pas un métier » (c’est quoi alors ?), « il serait dommageable pour toutes les femmes ainsi que pour l’ensemble de la société qu’elle soit légalisée » (je ne vois pas en quoi cela m’affecterait), « elle porte atteinte à l’égalité entre les femmes et les hommes » (dans la mesure où la légalisation concerne autant les hommes prostitués que les femmes prostituées, je ne vois pas de rapport).

En somme, on devrait s’attendre à ce que les avis d’un organisme aussi important que le CSF représente l’excellence en matière de réflexion des femmes au sujet des grands enjeux sociaux. Au lieu de cela, l’opinion du CSF au sujet de la prostitution est un ramassis de phrases creuses qui discréditent cet organisme. On croirait entendre l’écho du Tea Party américain.

Références :
Déclaration de l’Institut Simone de Beauvoir – Une prise de position féministe sur le travail du sexe
La légalisation de la prostitution au Canada
Le Conseil du statut de la femme tourne le dos à la sécurité des travailleuses du sexe
Réaction au jugement de la Cour supérieure de l’Ontario — La prostitution : une atteinte à la dignité des femmes

Paru depuis :
La prostitution, stratégie de survie dans le Montréal du XIXe siècle (2021-04-09)

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2 commentaires à Le Conseil du statut de la femme se couvre de ridicule

  1. Le Conseil du statut de la femme a pris connaissance de la reproduction du bandeau d’identification visuelle de son site et ce, dans le cadre d’un texte intitulé Le Conseil du statut de la femme se couvre de ridicule, publié le 3 novembre 2010, sur votre blogue

    Or, les droits sont protégés par la Loi sur le droit d’auteur de compétence fédérale et une demande d’autorisation de l’organisme, entreprise ou individu concerné est toujours nécessaire pour diffuser tout contenu gouvernemental (documentation, PIV ou photos) sur un site externe, ce qui n’a pas été fait dans le cas présent.

    Dans ce contexte, le Conseil du statut de la femme demande le retrait immédiat du bandeau du Conseil sur votre blogue.

  2. Jean-Pierre Martel dit :

    On trouvera ma réponse à la lettre de Mme Poitras dans le billet suivant :
    https://www.jpmartel.quebec/2010/11/06/les-droits-d%E2%80%99auteurs-sur-l%E2%80%99internet/

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